Peut-on vraiment porter la Croix en pendentif ?
Méditation personnelle, sans aucune finalité pédagogique
Peut-on porter "autour du cou" la Sainte Croix, celle montrant le Christ crucifié, sans même heurter le Ciel ?
Certainement pas, puisque le Christ a appelé ses suiveurs à porter la Croix et à suivre ses pas :
« Alors Jésus dit à ses disciples: Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix, et qu'il me suive ». (Matthieu 16,24)
Ce qui implique un changement de vie radical :
« Ce n’est plus moi qui vis, mais le Christ qui vit en moi. » (Galates 2,20).
Cependant, le Ciel serait blessé que le porteur vive comme un mondain, se mette des mines, s'assourdît de mauvaise musique, ou passe encore son temps à se disputer ou à se vanter sur internet, ou qu'il le passe encore à "enchaîner les relations"...
En l'espèce, l'âme de ce catholique d'apparat se disperserait en petites flammèches, car elle brûlerait à feu doux, et à un rythme qui laisse le temps à son titulaire de prendre conscience de sa mauvaise vertu. C'est toute la miséricorde divine.
Mais ceux-là sont souvent des jeunes se revendiquant de la foi par habitus, sans tout à fait la comprendre. Pour eux, le réveil spirituel survient souvent, semble-t-il, lors de la trentaine, dans le feu des épreuves.
Ce cas n'est pas si intéressant.
L'autre cas est celui qui se sent aligné avec le Ciel. Plus qu'un sentiment même, un alignement qui a été constaté par plusieurs hommes d'églises.
Bref, pour celui-ci, la Croix contient tout son poids spirituel. À condition qu'elle ait été bénie et que sa puissance soit sollicitée dans la prière. Autrement dit, qu'elle ait été "activée" et qu'elle serve de portail vers le monde invisible. Cet objet émet alors une onde qui, approché du fond, semble ressenti quelque part dans la tête. Peut-être dans la glande pinéale, le siège de l'âme selon Descartes...
Ces sensations douces nous laissent entrevoir la "présence", mais ceci n'est jamais qu'une grâce joyeuse. Alors qu'au titre des grâces douloureuses, comme évoqué, il est cette sensation de lourdeur. Celle-ci est ressentie physiquement, et elle semble pouvoir agir sur la posture et sur l'entier poids du corps.
La Croix stimule aussi l'esprit. Et en ce monde, ce n'est pas toujours une joie. Car, d'une part, elle nous mène penser droit et à rapporter chaque règle sainte à chaque décision que l'on prend, y compris dans notre rapport aux autres. Ainsi, on se souvient plus facilement de ne pas se mettre en colère contre son prochain (Matthieu 5:22), ou d'être lent à la colère, en général et dans les situations d'iniquité, et d'être soi-même bon et compatissant (Psaume 103:8).
D'autre part, elle nous mène à contempler. Très haut, et très fort.
La réalité sensible et invisible "s'imagine" d'autant plus. Certains parlent de pensée "imaginale", quoique cette notion ne repose sur aucune doctrine sérieuse. Le Catéchisme de l'Église parle toutefois de "révélations privées", pour permettre d'accueillir les visions des croyants qui sont, bien entendu, conformes à l'Alliance nouvelle (Matthieu 26:28).
En somme, tout chapelet, ou tout objet de piété porté avec ferveur, fait carburer le cerveau. Et c'est le système nerveux qui encaisse, comme si le corps tentait de soulever plusieurs tonnes par jour...
À lire ces lignes, certains parleraient de fardeau. Mais c'est au contraire un privilège de ressentir, ou plutôt d'effleurer, les épreuves du Christ-Roi, et de recevoir une partie, même infinitésimale, de sa clarté d'esprit.
Ainsi, ce propos pourrait s'achever ici, mais une question se pose : et les femmes dans tout cela ?
Elles aiment se parer de bijoux, et lorsqu'elles aiment le Christ, c'est avec une remarquable intensité. Ce qui donne la prose sensible et fervente de Sainte Thérèse de Lisieux, de Sainte Thérèse d'Avila et de Sainte Marie-Marguerite, ainsi qu'il nous est donné, plus prosaïquement, les louanges fortes de l'église pentecôtiste, et la musique de Sunday Service Choir et de T.L. Barrett, même si, pour un catholique, l'adoration du Christ ne peut seulement débuter par la très sainte gloire de sa Résurrection... C'est rater trois-quarts du film. (Ce sujet sera sans doute traité dans un autre texte...).
Les femmes, disais-je. Elles aiment les bijoux et elles peuvent aimer le Christ, abondamment. Non par atavisme, ni par mimétisme, mais parce qu'elles reçoivent elle-même cet amour.
Pour illustrer, osons une comparaison : la femme est comme un bon moteur à combustion. Pour donner son industrie, elle doit recevoir du carburant. Même un peu. Mais elle doit d'abord recevoir.
Ainsi, soit elle est appelée à la vie religieuse, et elle devient moniale. Ce qui implique de porter l'habit noir et la coiffe du deuil de l'Époux éternel. Chose qui insupporterait la pentecôtiste découvrant soudainement, dans les saintes Écritures, tout le tragique qui précède la gloire.
Soit alors elle reste dans le monde, sans pour autant jouer selon les règles du monde (comme, en réalité, tout bon catholique - quoique les femmes semblent plus aisément pardonnées de leurs fautes, et cela fera aussi l'objet d'un texte).
Donc, dans ce cas, elle porte la Croix, souvent dorée ou en pierreries brillantes. Aucun reproche à cela. Il est même plutôt louable de vouloir sa foi éclatante à l'oeil nu, tandis que l'époque nous rend aveugles aux vertus de l'autre ; et pire encore, diabolise la femme, par l'on ne sait quelle oeuvre du malin...).
Et le port de la Croix, dont on se fout complètement si elle contrevient aux faibles lois républicaines, lui semble tout à fait léger et serein. Pourquoi ? Parce qu'une femme a déjà un haut niveau spirituel.
Tenez, il a suffi de 24 années de vie pour que Sainte Thérèse de Lisieux soit consacrée docteur de l'Église. Alors que Saint Augustin s'est converti à 31 ans. Et Sainte Thérèse d'Avila a pu convaincre de toute sa science avec son Livre de la vie, écrit peu après ses 47 ans, tout en ayant la responsabilité communautaire et spirituelle du monastère de l'Incarnation d'Avila ! Tandis que Saint Thomas d'Aquin a étudié 20 années avant de publier son magnum opus.
Certains diraient que les oeuvres ne se valent pas. Pourtant, les titres sont les mêmes...
Les femmes semblent aussi sanctifiées bien plus tôt que les hommes, souvent après un terrible martyr, comme Sainte Agnès de Rome et Sainte Domitille, décédées à 13 ans. Tandis que Saint Jean Bosco (72 ans), Saint Benoit (67 ans), Saint Charbel (70 ans) ou Saint Padré Pio (81 ans) ont eu le temps de voir passer les épreuves. Mais aucun saint n'est plus saint qu’un autre. Sur chacun, la Sainte Croix a pesé, et particulièrement à l'exemple de Padré Pio, chacun a trouvé sa respiration dans la prière du rosaire.
Alors, effectivement, une femme semble pouvoir porter la Croix avec légèreté, et parait même galvanisée par elle.
Elle porte en elle la Vérité, et si elle est tombée à l'origine des origines, c'est parce qu'elle a voulu savoir, et le malin sait se jouer de l'intelligence des humains...
Mais une femme semble, dès la naissance, faire sienne l'antienne Ego sum via, veritas, et vita.
Telle est la raison pour laquelle elle fascine tout homme, et que tout homme veut la conquérir. Un homme ne veut pas seulement un corps, mais percer le mystère.
Qu'importe, homme ou femme, chacun porte une croix à sa hauteur, et comme l'exprime Saint Paul :
"Aucune tentation ne vous est survenue qui n'ait été humaine, et Dieu, qui est fidèle, ne permettra pas que vous soyez tentés au delà de vos forces; mais avec la tentation il préparera aussi le moyen d'en sortir, afin que vous puissiez la supporter" (1 Corinthiens 10:13).
Encore faut-il la porter et en contempler tous les mystères, sans exception !
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