Boniments
Ma Chère, ma Belle, ma Tendre,
Chaque seconde qui nous sépare est une éternité consommée. Dans l'attente de vous revoir, je ne pense qu'à vous et ne songe qu'à vous écrire. Revenant à cet usage antique, j'aime dessiner les contours de votre regard, mourir de bonheur, puis renaître. Mon voeu le plus cher eût été que je fusse le Caravage pour cristalliser votre visage dans la plus sainte des chapelles. Vos yeux sont l'océan qui berce mon âme et face à vous, je peine à soutenir votre regard. Mais qu'ai-je donc à vous offrir, sauf mon temps et ma faiblesse ? Vous êtes une Olympienne, la Femme universelle, la Figure des Siècles et Vénus vous abhorre. Vos yeux sont l'évidence absolue du Royaume des cieux. Ô Éminence ! Je ne me sens point digne de vos pupilles. Je ne mérite pas l'honneur de vos iris. Devant vous, je ne suis que balourdise et candeur. Seule l'aube de votre bel esprit lève la nuit de mes doutes. Votre sensibilité est une caresse à mon coeur. Votre générosité est un trésor d'humanité ; et vous me rendez sans cesse meilleur. Vous me captivez. Vous m'impressionnez. Vous me fascinez. Avec ce don si élevé de la beauté et de la bonté, comment Dieu pût tant trahir Son existence ? Je ne sais comment vous honorer, ne sachant que vous vouvoyer. Je ne sais comment vous aimer, n’ayant que ma plume et mon papier. Guidez-moi. Rassurez-moi. J'ai peur de vous déplaire... Pourvu que ces épîtres ne soient pas inconvenants, me voyant mieux m'immoler que de vous mépriser à mon corps défendant. Puissiez-vous voir ces écrits comme l'écrin de ma plus tendre affection. Cet écrin renferme mon secours de toutes les saisons, consentant à être pour vous un soutien sans défaut ; ou l'Atlas de votre destin. Affectant de vous retrouver plus vite que l'étoile file entre deux globes, je brûle d'envie d'effleurer vos lèvres avec les miennes ; mais j'ai peur de commettre un sacrilège. Je meurs de langueur. Par pitié, dites-moi que vous êtes aussi lascive que moi. Dites-le. Sur-le-champ je me consumerais ; et ce désir qui confine au martyr cesserait. Je vous en supplie. Adressez-moi ne serait-ce qu'un mot, un signe ; parlez-moi de vous, même dans le cunéiforme le plus obscur ; je consacrerais ma vie à le déchiffrer pour vous lire, affectant de correspondre avec vous jusqu'à mon dernier souffle.
Vous aimant infiniment, plus que le bleu du ciel, plus que moi-même, je vous prie de bien vouloir recevoir en vos corps et âmes mes sentiments les plus sincères.
Votre idolâtre,
Votre serviteur,
Votre amant.
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