Salomon ; ou la Justice familiale idéale

Rupture, divorce, séparation… sont au nombre des conflits familiaux que connaissent nos magistrats. Spécialisés, ils statuent en formation unique, et reçoivent les parents querelleurs en leur bureau, sans l’ombre d’un procès public. Et c’est infortuné, car le public devrait constater, par effet de miroir, qu’il est composé d’enfoirés totaux, de demeurés congénitaux qu’il faudrait faire frire comme au Grand Siècle de Philippe Le Bel dans son oeuvre de répression des sorcières hérétiques et de moults démoniaques possédés par l’esprit d’Iblis le Rouge aux pointes fourchues. 

Un jour, Madame lui donna du "mon roi", du "mon amoureux", du "mon homme" et lui prit sa semence cul-sec, tel l'Actimel matinal pour "renforcer ses défense immunitaires". Quant à Monsieur, il affubla sa dulcinée d'horreurs, du type "jtm mon coeur" ou "je finirais ma vie avec toi". Ce Jacques, nom de cocu qui plus est, lui lécha la motte avec frénésie jusqu'à plus soif ; et il frissonnait encore alors qu'il ne lui restait plus que 30% d'eau dans le corps chaque fois que sa Jennifer se cambrait, ses hanches ondulait, finissant de sombrer dans une pulsion violemment douce qui remplissait son corps et sa tête de lumière. Comble de l'insensé, quand Jennifer diminuera sa supplémentation en zinc et en B6, ils auront trois enfants. Et voilà que ces deux bulots ne s'entendent plus, soit parce que Jennifer a secoué la trompe du mauvais tapir (d'où le vocable "tromper quelqu"un") et finit d'en culpabiliser ; soit que Jacques est trop doux, trop courtois, ou qu'il réagit mal à la liqueur. Puis les voilà à instrumentaliser la justice pour rejouer leur sale dispute de rupture, et tant les juges que les avocats seront les marionnettes à peine consentantes de ce spectacle navrant. 

Nos infortunés juges aux affaires familiales (JAF), que la paix soit sur eux, voient des titulaires du droit de vote et de connexions internets se déchirer et s'accuser de tous les maux : de la confection de la bombe hydrogène à la Rafle du Vel d'Hiv' en passant par le meurtre Sharon Tate. Tous les coups sont permis. Sans compter les avocats qui se laissent porter par la bile inepte de leur client, comme d'obscurs marmots à la cour de récré qui s'ingèrent dans une bagarre. Et pour ne rien vous cacher, ces avocats défectueux sont en fait des avocat.e.s qui sont au nombre du cercle très fermé, non pas du Grand Orient de France (quoique...), mais du conglomérat des mal-aimé.e.s (pour rester poli). Et leur stratégie, toute aussi défectueuse, se limite - à titre principal -, à accabler l'autre et à demander au juge... tout (exemple : la résidence fixe des enfants à son domicile, une pension alimentaire comme substitut du RSA, la prise en charge de l'entièreté des frais extra-scolaires...). À titre subsidiaire, et s'il n'est pas possible d'avoir tout, il ou elle demandera simplement la moitié... de tout. Et la moitié, le 50/50, le statu quo dénoue souvent des débats obscurs, embrumés par des griefs sans fondement, paroles contre paroles. Alors le JAF tranche, tranche, tranche, c'est sa façon de juger. Ce qui ne manque de donner des jugements très tranchés et très paritaires : Vous demandez tous deux la "garde exclusive" ? Vous aurez la résidence alternée. Vous demandez 500 euros de pension alimentaire ? Vous aurez 250 euros. Mais plutôt que de conférer des droits fictifs et paritaires, plutôt que de compter sur la bonne volonté de personnes de mauvaise volonté, plutôt que d'espérer que des gens désengagés tiennent leurs engagements, il convient d'en revenir à Salomon. "Et le roi dit : Coupez en deux l'enfant qui vit, et donnez-en la moitié à l'une et la moitié à l'autre (1 Rois 3:25)". C'est ainsi que le Roi d'Israël le Grand trancha un conflit de maternités. Une femme accoucha d'un enfant ; l'autre aussi, et au même moment, sauf qu'elle finit par le tuer à cause d'un "co-dodo". Cette dernière revendiqua un enfant qui n'était pas le sien et Salomon, déjà fatigué par les procédures familiales qui coûtent trop d'argent au contribuable, a jugé l'affaire avec une grande sagesse. Une sagesse qui ne tient juste pas à la beauté du verbe, mais à la leçon superbe que la justice n'est pas la chose des hommes, mais une chose supérieure, car le juste est supérieur aux hommes. Philosophie de comptoir ? Peut-être. 

Pour le dire plus clairement, voici un cas concret : "- Bonjour Madame le Juge. - Bonjour, asseyez-vous. Alors, comment s'appelle ce mouflet ? Benoit ? C'est un prénom ringard au possible. Quel est le problème ? Non, ne me dites pas. Écoutez, il ressort du rapport des services sociaux que vous êtes des parents pitoyables et que vous valez moins qu'un clou rouillé. Donc, soit on trouve un accord fissa, soit on coupe le petit Benoit en deux. Alors, qu'en dites-vous ?". Accord homologué. Certains objecteront qu'on ne peut jamais forcer un accord en cas de violences conjugales. Certes, que cette question relève du juge pénal ; et que le sort de l'enfant relève du juge des enfants et tâchons de faire de l'enfant une véritable partie à la procédure ; non pas un élément négligeable du dossier que l'on fait auditionner à l'envi par les services sociaux pour "recueillir sa parole" et qu'un parent s'enorgueillisse in fine d'être préféré à l'autre. 

Alors supprimons la justice familiale qui ne sert que les desiderata des parents. Supprimer la justice familiale, c'est supprimer de facto les conflits parentaux. Revenons à la civilisation du Très-Haut et fuyons la République de l'égalité qui psalmodie pour le règne de l'égoïsme, tandis que Salomon nous a donné les proverbes de la vie heureuse et les poèmes de la passion sucrée d'un amant à l'autre ; ou tout ce qu'exècre notre société mollement conflictuelle, sans vitalité.







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