L'école de la République, ce désastre institutionnel
L'Éducation nationale est une vraie armée d’automates et de barbares du quotidien. Son pouvoir est considérable, car elle te place d’une manière pavlovienne dans la filière qui reproduit ta classe sociale. En effet, la faible science de la sociologie, comme toute horloge cassée, a parfois raison.
Fils d'ouvriers tu es, ouvrier tu seras. Tes petits camarades auront beau avoir les mêmes notes que toi, tu ne pourras pas déjouer le déterminisme, quand bien même ta plume est meilleure que celles de vingt de tes camardes réunis.
Comment la sélection est faite ? Comme dans une procédure d'enquête policière : des agents publics prendront attache avec tes parents, puis leur parleront de tes difficultés en les embobinant avec des termes techniques, ensuite une figure d’autorité, que dis-je, un une sommité ! entrera en scène. Un conseiller d'orientation interviendra pour te trouver une place dans la société. Que deviendrais-tu sans ses précieux conseils ? Donc un beau jour dans ta vie d'adolescent, un fonctionnaire qui a autant raté sa carrière que sa vocation sera susceptible de te balancer : "la voie "générale" sera trop difficile pour toi". "T'aimes acheter des trucs ? Alors tu feras un BEP commence. Ben tiens !". Je dresse là un portrait pas tellement bienveillant, non ? Ce n’est rien comparé à ce qu’est le système.
Mais c'est quoi "l'école de la République" ? Un peu comme Twitter : le dépotoir de la pensée. C'est là que meurent les idées avant même qu'elles ne soient nées. Ce sont les limbes où règne la vacuité qui caractérise notre époque.
Le politicien éphémère pense que « la République » représente quelque chose dans les coeurs et les esprits, mais ce n’est qu’un concept atrocement vide. La République est une idée si creuse qu’on ne saurait la penser comme le terreau de tout apprentissage. La République est un marécage infertile qui est tout au plus une forme de gouvernement quelque opposée peu à la Monarchie. La République suppose simplement la séparation des pouvoirs et la possibilité pour le citoyen de s'emparer de la chose publique. Ni plus, ni moins. Mais il est tentant pour le politicien stérile en idées de créer un mythe dans lequel il peut s'incarner, quitte à instituer une « laïcité » excluante, voire violente.
À quoi donc devrait servir l’Éducation nationale ? Son rôle devrait éveiller l’esprit critique et les sens. En Français, pourquoi Victor Hugo, 15 ans, était si doué et comment l’imiter ? En Mathématiques, quelles formules sont utilisées pour les métiers de demain, et comment les maitriser ? En Musique, pourquoi le violon est si épanouissant, si utile pour développer sa concentration ? Quels liens entre un Mozart et un Jimmy Page ? Mis à part le jumelage capillaire, un rapport existe bien. En Philosophie, comment Aristote a quasiment anticipé 2000 ans de physique ou de sciences politiques ? En Histoire, pourquoi est-ce si important de connaitre les grands évènements du passé et les figure les plus éminentes ? Expliquer que l’Histoire est cyclique, est-ce si compliqué ? D’où l’intérêt de cesser de prétendre que l’Histoire de France aurait commencée en 1789. Le point d'orgue de notre splendeur n’est pas la Libération de 1945.
Quitte à pondre des exercices de mémorisation, évitons de les baser sur des cours d’Histoire à coup de dates à retenir. Faisons réciter des poèmes de Leconte de Lisle ou de Victor Hugo, qui sont d'une simplicité remarquable. Obligeons les enseignants à les réciter eux-mêmes pour qu'ils fassent montre d'un peu de passion et d'érudition. Sortons de cette sélection un peu étrange où un 12,5/40 au CAPES suffit pour devenir un indécrottable de la fonction publique. Raison pour laquelle je parle bien « d’enseignants », et non de « professeurs », titre qui ne leur sied guère au plan étymologique. Ces personnes ne professent rien, ne maitrisent rien. Ils transmettent seulement des données selon le programme du ministère. L’enseignant du secondaire est un animal sur-protégé, docile, fort avec les faibles et faible avec les forts. Sa formation est linéaire et sans risque, tout comme la carrière qui s’en suivra. Son cerveau est entièrement consacré au petit domaine qui lui est assigné. Alors on ne peut pas s’étonner qu’ils aient du monde et de la société une vision étriquée. Quand on te dit « ne fais pas ces études, c’est trop compliqué pour toi », en vérité il ne fait que projeter ses propres insuffisances.
Et que dire du sport à l’école... Les talents sportif continueront d'être gâchés si les cours d'EPS consistent en des tournois de cross, ou de ping-pong (le sport le moins cher). L'école ne cessera d'être un mouroir des passions tant que l'on persistera à former des flûtistes. Refusons que l'enseignant ait un bagage culturel aussi léger que le nutriscore d'un repas de cantine. Chaque menu est d’ailleurs une insulte, surtout pour les parents qui aiment les produits frais, les légumes bien assaisonnés et la viande de qualité. Si la cuisine est bien un acte d'amour, la cantine scolaire est un véritable acte de guerre.
En conclusion, cette machine à broyer les esprits doit être rasée, puis reconstruite. On ne peut pas accepter en 2021 des phrases (véridiques) de profs comme : "vous êtes tous des cons" ou "faites ce que vous voulez, moi j'ai déjà mon bac", ou encore "vous êtes la pire classe que j'aie jamais eue (tous, nous l’avons entendue celle-là...). Autant dire que sous ma régence, de tels propos seraient passibles du crime prévu aux articles 410-1 et suivants du code pénal (atteinte aux intérêts fondamentaux de l'Etat).
Sauvons l'école.
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