La science du droit, grande obligée de la finance
La science du droit ne pense pas, ne pose pas de question. Elle écarte ses moeurs et se laisse percer par divers intérêts financiers. Cette science se limite à expliquer la façon de rédiger et d'organiser des normes. Cela dans un seul but : dire ce qu'on peut faire, et ce qu'on ne peut pas faire. Point. Fin du cours. Bravo, vous venez de valider votre L1 Droit. Ainsi que tout juriste, le législateur est lobbytisé jusqu'à la moelle. Son travail peu éreintant est de produire de la norme douce et non-contraignante pour la classe dirigeante : la caste commerçante. À son profit, des tribunaux de juges non-professionnels, de l'arbitrage mou dans les litiges entre les grosses et petites entités, des transactions peu dissuasives en matière de délits financiers... En réalité, le secteur bancaire, fort de ses abondantes liquidités, serre la bride au politique. Ainsi peut-on affirmer sans risque que la loi n'est plus l'expression de la volonté générale depuis au moins le 5 Fructidor de l'An III. Pression des industriels contre les mesures écologiques, amendes risibles si dégradation d'un écosystème, fiscalité opaque et écrasante, règles de procédures civile et pénale qui changent tous les quatre matins, "simplifier" le droit des contrats pour "attirer l'investissement privé"... Mais tout ceci est le problème d'un peuple qui se désintéresse des questions juridiques car convaincus que c'est une affaire de spécialistes. Certes, le droit est complexe, mais c'est à dessein : avec ses phrases alambiquées, le juriste veut passer pour plus savant qu'il ne l'est ; avec ses concepts tordus et moyennement innovants, le juriste veut se rendre plus indispensable qu'il ne l'est. Tout ceci est l'inconvénient d'une société désertée par la conscience morale du juste et du bien ; et sans elle, la science du droit n'a pas d'âme. En conclusion, la France est un véritable enfer juridique.
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