La symbolique du Christ

Notre époque est d’un ennui mortel, et le vide culturel abyssal. Nos intelligences se meurent de la gloire faite au corps et à la matière, alors qu'elles sont besoin de transcendance. Toute personne un peu curieuse, pas ou peu croyante, s'interroge d'instinct sur l'origine de l'univers, sur le sens de la vie et sur notre sort à la mort. 

Aucun réponse n'est à ces questionnements ne sont nettes et définitives, mais doit-on pour autant sans remettre seulement à la science, qui ne décrit que le perceptible ? Ne devrions-nous pas nous rapporter à nos sensations et nos sensibilité ? C'est en ceci que la théologie est intéressante, puisqu'elle nous relie à nos penchants naturels pour la vitalité, l’esthétique et à la sérénité. Aussi la symbolique du Christ est un judas une ouverture fascinante pour percer les grands mystères de l'univers.


LE CHRISTIANISME : 
LA PUISSANCE ESTHÉTIQUE ET LA FORCE DOCTRINALE

Pourquoi le Christ est si connu ? Ce nom est entré dans le langage courant, et cette figure est partout. Par exemple : dans les films avec la symbolique du sauveur-martyr, ; ou lors d'une discussion anodine sur la foi ou la morale. Quelle est la raison de la survivance de la figure du Christ ? C’est qu’elle touche assurément aux mystères de la création. En cela, la venue de Jésus symbolise la création du monde dans un univers incréé (Nativité) ; et sa vie, comme toutes chacune ici-bas, a été ponctuée d'amour, de peines, de joies et de souffrances (Miracles et martyr) ; et son trépas achèvera son union avec le tout-universel, en ce que l'âme spirituelle est immortelle (Mort et Résurrection).

En somme, la figure du Christ est une métaphore de l'existence dans chacun peut s'identifier. Le seul pré-requis est d’être humain  

I - LA NATIVITÉ

La venue du Christ était-elle nécessaire ? Le monde avait-il à ce point sombré dans le chaos ? Presque. Dans les Évangiles, au moment de la Nativité, point d'unité religieuse dans le peuple d'Israël ; Jérusalem était prise par les Romains ; et un roi indigne, à l’annonce de la naissance du Messie, tentera de le tuer plutôt que d'aller se prosterner devant lui (Mathieu 2:16). Aussi le théologien Saint Augustin qualifie les Judéens de "peuple charnel",  devenu tels depuis la Captivité de l’an 586 av. JC, qui a emporté déportation de l'élite juive à Babylone sur ordre du colérique Nabuchodonosor II. « Du moment (que les Judéens) cessèrent d'avoir des prophètes (...), ils devinrent pire qu'ils n'étaient ». Comble du désastre, la même année, le Premier Temple de Jérusalem sera détruit.  Et cet évènement raisonne comme un châtiment infligé à la religiosité dévoyée du roi Salomon, qui s'est adonné au meurtre (1 Rois 2:46), à la concupiscence (1 Rois 11:3),  et - pire encore - à l'idolâtrie, en permettant que l’on honore des figures païennes au sein du Temple (1 Rois 11). Donc, le roi Salomon, pourtant sage dans la première moitié de sa vie, semble avoir placé sa foi dans la pierre et le temporel, plutôt que dans l'âme et l'éternel. Alors, c’est en contemplation du désarroi de la Judée que le théologien fustige l’attachement des hommes aux choses temporelles. Ainsi, la nouvelle Église ne pourrait reposer que sur  de « meilleures pierres, des pierres vivantes », et la première d’entre elles était Jésus-Christ (1 Corinthiens 10:22). Le Temple nouveau n’est alors plus fait de pierre, mais d’éther. L’Église est dorénavant dans les coeurs. Elle est fondée sur la compassion et le sacrifice. En ceci, la nouvelle église sera toujours plus solide que celle parée de tout le faste au monde - et comme nous le savons désormais, cette église est à ce jour millénaire.  Dès lors, le christianisme repose sur une simple résolution : l'idée de la Nativité. En cela, la Nativité est la foi, pour ceux qui n'en ont pas été témoins, de l'intervention de Dieu sur Terre, à l'image de l’apparition au Sinaï. 

La manifestation du divin s'est ainsi incarnée dans le Saint Esprit ; ou le souffle de la vie à l'origine de la grossesse de la Vierge Marie (Mathieu 1:19). Tel le monde, le Christ est né d'un miracle. Tel le fait qui échappe à la science, la naissance du Petit Jésus s'est affranchie des lois de la nature. Et de cette façon, Dieu s'est incarné dans l'homme en prenant pour matrice une femme qui n'a jamais péché, puisque la Vierge est considérée si pure qu'elle aurait échappé aux conséquences du Péché originel. D'ailleurs, rien dans les textes n'indique que Marie de Nazareth ait enfanté dans la douleur, si bien qu'elle aurait été préservée de la sentence divine qui a déchu les premiers hommes du paradis terrestre. Ainsi est né le Christ, du grec Christus, signifiant "celui qui a reçu l'onction sacrée". Il est le béni, le désigné. En conséquence, il ne pouvait être le fruit d’une conception biologique, ni être issu d'un lignage mortel. Néanmoins, la paternité putative de Joseph reste prestigieuse, puisqu'il est réputé être le descendant des rois d'Israël (Matthieu 1:1-25). Cette filiation adoptive sied donc parfaitement au Fils de Dieu. 

Alors, le corps de Marie, le Père, le Fils et le Saint-Esprit ne forment qu'une seule entité divine. C'est la Sainte Trinité, triptyque qui symbolise le miracle de toute naissance. C'est la réunion de l'amour, de la volonté d'être parent et de l'enfant qui nait de ces deux éléments. La naissance du Christ sera aussi le premier acte évangélique qui formera les prémices de la nouvelle Église, tandis que l'ancienne avait perdu de sa vigueur et de son prestige. En cela, le judaïsme de cette ère, morcelé entre saducéens, pharisiens et esséniens, transmuera, pour partie, en chrétienté. Pour partie car, selon Saint Augustin, le Judaïsme est la grande religion du début des temps, et le Tout-Puissant souhaitait moins l'anéantir qu'en disperser ses membres. Il aurait été même parfaitement injuste de condamner à l'oubli ceux qui ont observé, et observent encore, la loi de Dieu. Donc, l'apparition du Christ incarne la génération nouvelle qui vient subroger la précédente car trop dépassée, trop divisée, et plus capable de décider de son sort, ni de s'accorder sur modèle de société. 

Aussi, la vie de Jésus montrera qu'il était avant tout un homme qui avait conscience de sa puissance.

II - LA VIE DU CHRIST : MIRACLES ET MARTYR

Oint du titre de roi d'Israël (Matthieu 2:2), le Christ n'avait pas l'ivresse de la célébrité, ni l'ambition de régner en tyran. Le Christ a plutôt tenté de conquérir les coeurs, en grand orateur. Ainsi en témoignent ses paraboles pétries de pédagogie, telle celle du bon Samaritan qui nous évoque encore aujourd'hui la compassion d'un passant qui vient aider une personne qui lui est pourtant entièrement inconnue (Luc 10:30-37). Ceci est un témoignage de ce que quelques-uns sont animés pour autrui d'une amitié naturelle. Cette parabole vient aussi dénoncer tous ceux qui se sont abstenus d'agir, dont certains qui se réclamaient de la foi religieuse. On peut encore évoquer la parabole du bon grain et de l'ivraie, avec ce champ qui représente le coeur, sur lequel doit être semé le bon grain ; ou la bonne volonté, le bien agir. Quant à l'ivraie, c'est la semence du mal. Elle est dispersée par ceux qui veulent nous nuire. Alors, cette parabole nous enjoint à la patience, à ne pas tenter d'arracher trop vite les racines de l'ivraie, sous peine de perdre quelques racines du bon grain (Mathieu 13:24-30). L'ivraie doit être éliminée une fois les fruits du bon grain devenus visibles. En d'autres termes, en temps voulu, chacun aura droit à ses fruits, tandis que les mauvais semeurs seront sanctionnés par la simple force des choses. Calme et persévérance. 

Néanmoins, la méthode discursive montre ses limites. Ainsi le Christ a-t-il utilisé la force pour chasser les Marchands du Temple (Jean 2:13-25). Encore aujourd'hui, les bonimenteurs et les improductifs apparaissent comme l'ivraie de ce monde. Même si le Christ prône l'amour de son prochain (Jean 15:12), eux en demeurent bien indignes. D'ailleursle culte de la monnaie, le petit intéressement et le règne de la quantité sont goulûment méprisés par le Messie. Donc, contre l'absurdité de l'argent, le Christ en est venu à régler l'impôt du Temple avec un stratère qu'il fit apparaitre dans un poisson (Mathieu 17:27). Mais n'est-ce pas trop commode pour le Fils de Dieu de prouver son ascendance par des prestidigitations, et aux autres actes qui défient les lois de la nature ? On pourrait aussi considérer que ces miracles n'étaient que de vaines démonstrations de force. En cela, même un proche témoin continuerait de douter, pourvu qu'il ait le coeur assez endurci. Il croirait avoir mal vu, ou bien il penserait à de la sorcellerie. Ces actes peuvent aussi bien susciter la foi que l'effroi. Alors, comment convaincre ? Assurément : avec le poids de la foule. Qui oserait contredire dix personnes qui disent avoir vu le même prodige ? Qui oserait même contredire cent personnes qui croient fermement en ce que dix ont vu ? Qui s'exposerait à être exclu de la communauté ? En vérité, le Christ a posé les prémices de l'influence à grande échelle, telle que définie de nos jours. L'idée, la croyance, la foi, la fidélité au culte se sont ainsi répandues en terre d'Israël et dans le monde comme un brasier en pleine forêt. Donc les miracles ne sont pas que de vulgaires démonstrations de puissance divine. C’est plutôt la renommée des miracles qui amènera les gens à croire, comme le pensera Saint Augustin. Cette renommée prendra d'ailleurs son ampleur après le martyr et la mort du Christ, grâce à l'oeuvre des apôtres.

Précisons surtout que chacun de ces miracles a un sens symbolique qui s'adresse à tous ; et leur force suggestive et spirituelle est infiniment supérieure à celle des discours de nos sophistes. Prenons le miracle de la marche sur l'eau (Mathieu 14:22-23) : il ne s'agissait pas pour le Christ de montrer qu'il est tellement le Fils de Dieu qu'il pouvait braver les éléments. Lorsqu'il a demandé à ses disciplines, en pleine nuit, de prendre une barque et de le rejoindre de l'autre côté du rivage, il éprouvait alors leur foi. Lorsqu'il a demandé à Pierre de marcher avec lui sur les flots, l'apôtre a été surpris par la force des vents et a pris de panique. "Pourquoi as-tu douté ?" lui demandera Jésus. Dans ce récit, le Christ incarne ainsi l'espoir et l'optimisme qui doivent être conservés, même au plus sombre de la nuit et au plus fort de la tempête. Pour Pierre, il suffisait de continuer, et d'avancer. Ainsi le Christ est-il une métaphore de la conscience en notre propre puissance. Et une fois bien acquise, cette conscience en soi, cette foi en soi, nous redonne la vue (miracle de l'aveugle de Bethsaïde, Marc 8-22:26), et nous redonne le don de la parole afin de la porter aussi que loin possible (guérison du sourd-muet Décapole, Marc 7:31-37). Aussi, son miracle le plus spectaculaire est la Résurrection de Lazare (Jean 11:1-44) ; non pour l'ampleur du prodige, mais parce qu'il a été réalisé sous l'impulsion de l'amour. De l'amour, de la passion, non pour Marie-Madeleine comme Níkos Kazantzákis l'illustrait, mais pour Marie de Béthanie. Ainsi la foudre l'a-t-il frappé lorsque Marie l'a accueilli, lui a oint les pieds, puis s'est mise à l'écouter sagement pour saisir ses enseignements. N'est-il pas vrai que le sentiment amoureux nait toujours d'un orgueil honoré ? Alors, face à la peine de Marie qui a perdu son frère, "Jésus pleura" (Jean 11:35). Un verset entier est consacré à ce seul fait. 

"Jésus pleura". 

N’est-ce pas l'expression de la forme d'amour la plus sincère qui soit ; celle qui nous amène à partager la peine de l'autre pour en supporter une part ? Mais tout l'amour du monde ne préservera pas le Christ de la condamnation des hommes. Ses miracles, son titre royal, le désordre qu'il causait dans Jérusalem ; tout cela tombait sous le coup de la loi des hommes. En conséquence, Jésus sera flagellé et couronné d'épines (Jean 19:1-2). Il sera un exemple de ce qu'on inflige aux séditieux. Alors tant le Sanhédrin que la force occupante, incarnée par le Gouverneur romain de Judée, s'accorderont pour broyer et humilier celui qui a osé faire face à l'ordre établi (Matthieu 27:62-66). Le seul tort de Jésus a été de révéler ses dons et ses grâces. Ce qui revient toujours à tendre la joue aux velléitaires et aux jaloux. Ecce Homo proclamera Pilate devant une foule sanguinaire (Jean 19:1-5). Mais tel Prométhée, le martyr du Christ a participé à sa renommée. Une renommée assise sur la compassion et l'espoir. Par conséquent, la peine du "Sauveur" passionnera, révoltera, chagrinera ; ou bien inspirera du mépris pour qui se bat vainement contre la pensée religieuse. La figure du Christ laisse rarement indifférente. 

Ce martyr laisse alors présager que la Crucifixion de Jésus-Christ est bien le symbole de tout le tragique de la vie. Or, cette souffrance incarne tout ce qu'il faut endurer pour être transcendé, heureux, être soi. Aussi les supplications devant la peine resteront toujours dérisoires.

III - LA MORT ET LA RÉSURRECTION

« Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as tu abandonné ? » (Marc 15, 34). Voici le Christ confronté à la cruelle fatalité de la mort du corps. Est-il étonné de son sort ? Est-il surpris de la trahison de Judas ? Ne s'attendait-il pas à mourir et à ressusciter trois jours plus tard (Jean 2:19-22) ? Était-il ignorant, lui, qui incarne le Verbe de Dieu ; qui est la matérialisation terrestre de l'Éternel, yōḏ (י), hē (ה), wāw (ו), hē (ה) ? Celui qui est était, est et sera ? Ou bien le supplicié n'a pu contenir cette clameur... Appelons-en de nouveau à Saint-Augustin. Pour le savant, la mort du corps est la triste peine du péché, et la mort de l'âme un effet du péché. Donc quel est le sens de cette affliction pour ce bon Christ qui n'a jamais péché ? ce Juste qui a résisté aux tentations du diable lors de sa quarantième nuit dans le désert (Mathieu 4:1-11). Malgré tout ceci, pour le théologien, le Christ s'est donné volontairement à la mort afin de racheter les crimes de nos aïeux, dont ceux de Caïn et de Salomon. Mais le Péché originel reste impardonnable, car il a marqué la déchéance de l'homme qui a failli par orgueil et mésusé son libre arbitre. Or, cette thèse rédemptrice et compassionnelle est insatisfaisante. Le Christ se révèle être un accidenté de l'Histoire, une victime de son destin, si bien que la trahison Judas était partie du plan divin (Matthieu 26:21), et que tout le martyr subséquent était préalablement écrit dans l'édit céleste. En atteste la prophétie d'Esaië survenue sept siècles avant notre ère  : "On a mis son sépulcre parmi les méchants, son tombeau avec le riche, quoiqu’il n’eût point commis de violence, et qu’il n’y eût point de fraude dans sa bouche" (Esaië 53:9). Ainsi, la mort du Christ est le récit de la fatalité. Regardons autour de nous. Chaque jour, trépassent des amoureux, des enfants, de jeunes prodiges. Le fatum n'épargne personne. Une tragédie terriblement humaine, donc. Mais pas seulement. 

Ainsi opposons-nous davantage à Saint-Augustin lorsqu'il soutient que, du Christ, autant l'âme que le corps ont été tués et ressuscités. Or, si Jésus n'a jamais péché, son âme est restée intacte. Seul son corps a été sacrifié puis revivifié. Pas son âme. Ainsi peut-on conclure que l'âme vertueuse est immortelle. Et en tant que telle, l'âme serait, dans le mortel, un fragment céleste et éternel qui tend perpétuellement à revenir à sa source. C'est la monade, entendue comme élément dernier de toute chose, qui revient vers la source première de toute chose. Pour cette raison, il est possible de prétendre que l'humain a une vocation naturelle au bien, alors même qu'on le sait éminemment corruptible depuis le Péché originel. Mais il est tout aussi possible d'envisager que l'humain entretient seulement une vocation égoïste à la plénitude pour retrouver son paradis perdu. Ainsi pour y revenir, Saint-Augustin soutient que l’âme doit ressusciter à la grâce par la pénitence. Or, cette interprétation du sens symbolique de la mort et de la résurrection du Christ est trop expiatoire, sermonneuse, et si... chrétienne. 

Donc, exceptées les considérations mystiques et thanatologiques, la Crucifixion serait la représentation littéraire et dialectique de l'individuation entre l'être métaphysique et l'individu charnel La réunion de ces deux singularités peut symboliser l'entrée de l’individu, non pas dans le Royaume de Dieu, mais dans l'état de la pleine conscience de soi ; pour devenir réellement Soi. À ce titre, René Guénon, métaphysicien majeur du XXème siècle, indique que le Christ sur la croix symbolise "l'Homme universel". Cette figure issue de la tradition islamique, comme l'énonce clairement et succinctement l'érudit, est : "l’expression la plus complète de l’état individuel considéré, dont toutes les possibilités s’intègrent pour ainsi dire en lui, au moins sous un certain rapport, et à la condition de le prendre, non pas dans la seule modalité corporelle, mais dans l’ensemble de toutes ses modalités, avec l’extension indéfinie dont elles sont susceptibles". C'est l'homme de Vitruve. Il s'agit de l'être multidirectionnel et conscient de toutes les possibilités de son individualité. C'est tout le symbole de l'axe horizontal de la croix : l'ampleur indéfinie ; ou toute la latitude de l'existence. L'axe vertical correspond quant à lui à l'exaltation ; ou la volonté d'atteindre Dieu. Dieu ou, pour le philosophe, tout idéal qui anime l'individu cherchant à s'élever dans un état supérieur. C'est une transcendance qui ne s'atteint qu'en endurant la souffrance et le sacrifice. Le métaphysicien parle alors du "double épanouissement de l'être".  Aussi, plus intéressant encore, le croisement des axes est "le centre de la croix (...) donc le point où se concilient et se résolvent toutes les oppositions". Or, Adam a d'abord rompu l'Unité principielle entre l'homme et le sacré en mangeant le fruit de l'Arbre qui se trouvait... au milieu du jardin. Le Fils de l'Homme a ensuite rétabli ce lien par son sacrifice, volontaire ou non, et ainsi rapproché les siens du milieu du jardin, sans pour autant avoir pu racheter le Péché originel. Ce péché est impardonnable. Non pas en raison d'un état d'âme du Tout-Puissant, mais parce que leurs auteurs ont tout simplement omis de demander pardon. C'est donc un péché d'orgueil qui n'a donné lieu à aucune contrition (Genèse 3:12-13). L'humanité est ainsi condamnée à savoir et à désirer savoir, parfois plus que de raison.

CONCLUSION : 
LES CHOSES INVISIBLES ET ÉTERNELLES SONT AUSSI RARES QUE PRÉCIEUSES

Le corps du Rédempteur a donc servi de symbole. C'est un enseignement vivant pour ceux qui, conscients de n'être qu'un élément infinitésimal dans un univers infini, ont envie de croire. Alors, à défaut d'avoir été témoins de la création de l'univers, ceux-là pensent fermement que le pur hasard n'est pas à l'origine des formidables murmurations ; des aubes qui se lèvent avec une constance redoutable ; ou des planètes qui tournent et gravitent entre elles avec une force inaltérable. 

Donc, regarder le ciel ou bien compter sa fortune ? C'est bien le dilemme de notre époque. Jouir immédiatement de ce qui est périssable, ou savourer un bonheur pérenne par l'ouvrage opiniâtre Réconcilions-nous alors avec Augustin qui voit la foi comme une attache aux choses éternelles, tandis que la beauté, la force et les sens sont soumises à des lois temporelles. Leur dépérissement est en effet inévitable. Il serait tout aussi futile de s'attacher à l'argent ou à nos petites libertés publiques. Ce sont des bienfaits éphémères que la loi humaine peut nous soustraire. "Les saints ne perdent rien en perdant les choses temporelles" dit Augustin. 

Les heureux sont donc ceux qui ont l'intelligence des choses invisibles, car ce qui est imperceptible est à la fois bon, rare et précieux. Raison pour laquelle la vertu, la connaissance et l'amour des siens sont les vrais aliments de l'âme.









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