Dix bonnes raisons pour lesquelles la proposition de loi relative au "droit à l'aide à mourir" est une véritable abomination juridique
1/ Le titre seul de la loi est merdique
Est proposé un "droit à l'aide", ce qui est une tautologie qui meurtrit le langage.
Soit on bénéficie d'un droit, soit d'une aide.
Le droit est la liberté que l'on accorde ; l'aide est la modalité d'exercice de cette liberté.
Mais votre gouvernement vous prend tellement pour des billes qu'il tente de vous présenter ce faux progrès comme une faveur.
D'ailleurs, comment peut-on prétendre aider l'autre en lui proposant d'abréger sa vie ?
2/ Le choix de l'heure du décès est une illusion
Vous n'avez pas beaucoup de temps, et moi non plus. Alors allons à l'essentiel.
Une personne peut demander l'aide à mourir (sic), aux conditions particulièrement confuses de :
« 3° Être atteinte d’une affection grave et incurable, quelle qu’en soit la cause, qui engage le pronostic vital, en phase avancée ou terminale ;« 4° Présenter une souffrance physique ou psychologique liée à cette affection, qui est soit réfractaire aux traitements, soit insupportable selon la personne lorsque celle‑ci a choisi de ne pas recevoir ou d’arrêter de recevoir un traitement ;« 5° Être apte à manifester sa volonté de façon libre et éclairée. » (Article 4 de la Proposition de loi).
Que quelqu'un m'explique comment peut-on exprimer une volonté de mourir "de façon de libre et éclairée", tout en présentant une souffrance physique ou psychologique insupportable !
Contradiction majeure.
Le malade, a fortiori gravement malade, ne pourra jamais consentir sainement à la décision irrévocable de mourir.
Voilà une lapalissade qu'on ne penserait jamais prononcer dans une époque saine et équilibrée...
3/ Cette proposition débile contredit tout un pan du droit visant à protéger les patients contre eux-mêmes
Comment concilier la suprématie de la volonté du patient avec tout un autre pan du droit français qui vise à protéger les patients d'eux-même, en les hospitalisant sans leur consentement ?
Oui, ce sont les fous, les aliénés, les personnes qui ont tenté de se tuer, ou des opposants politiques ; tout ceux-là, peuvent être hospitalisés d'office sur ordre de l'autorité administrative.
Bien sûr, il y a quelques intrus dans cette énumération (sauf si l'opposant politique est communiste), mais l'État prévoit déjà de soigner les personnes qui troublent l'ordre public sous l'empire d'un état mental altéré.
Le malade est une personne à protéger.
Par exemple aussi, la jurisprudence civile admet difficilement qu'un mourant dispose de son patrimoine in extremis, peu de temps avant le trépas.
D'ailleurs, ce "droit à l'aide à mourir" se concilie difficilement avec la déontologie médicale.
4/ La déontologie médicale sacrifiée sur l'autel de l'économie des dépenses publiques
"Dès lors qu'il a accepté de répondre à une demande, le médecin s'engage à assurer personnellement au patient des soins consciencieux, dévoués et fondés sur les données acquises de la science, en faisant appel, s'il y a lieu, à l'aide de tiers compétents" (Article R4127-32 du code de la santé publique).
Le médecin doit soigner et traiter.
On pensait que l'époque où l'on conseillait de prendre du doliprane aux malades du covid-19 est révolue.
Mais on vit la parfaite continuité de ces funestes évènements, puisque l'on propose aux gens une solution qui allège l'office des soignants, plutôt que de proposer des soins.
Donc la déontologie médicale est morte et la conscience des professionnels de santé avec.
Ceci se constate aisément à la vue de ces soignants en soins palliatifs qui exultent sur les réseaux avec l'adoption de cette proposition.
Et on peut comprendre aisément qu'à force de voir des corps de peu de vie, ceux-là finissent par dé-humaniser autrui et oublier le caractère sacré de la vie.
Ils seront jugés.
Néanmoins, à tout cela on peut m'objecter un argument, que peu penseraient à m'opposer. C'est pourquoi je me l'opposerais à moi-même.
5/ La solution de départ "dans la dignité" existe déjà en droit français
Je soutiens que la déontologie médicale interdit de donner la mort.
Certains répondront qu'il est interdit de "s'acharner" sur le patient, tel qu'il est indiqué :
« Le médecin doit s'abstenir de toute obstination déraisonnable dans les investigations ou la thérapeutique et peut renoncer à entreprendre ou poursuivre des traitements qui apparaissent inutiles, disproportionnés ou qui n'ont d'autre effet que le seul maintien artificiel de la vie. » (Article R4127-37 du code de la santé publique)
Certes, mais depuis 2002, les patients en soins palliatif bénéficient déjà d'un "droit de recevoir des traitements et des soins visant à soulager sa souffrance" (ou "euthanasie passive").
Si bien que, en cas de nécessité et quand c'est commandé (sous un strict formalisme) :
"Le médecin met en place l'ensemble des traitements analgésiques et sédatifs pour répondre à la souffrance réfractaire du malade en phase avancée ou terminale, même s'ils peuvent avoir comme effet d'abréger la vie" (L1110-5-3 du code de la santé publique).
Mais voilà, encore faut-il que le pré-mourant ait donné, au préalable, son accord à la sédation profonde.
Ce sont les fameuses "directives anticipées", instrument nécessaire de la volonté du patient.
Ce formalisme chagrine néanmoins nos parlementaires, qui souhaitaient plus de morts...
Les enquêtes sont formelles : l'euthanasie passive est peu appliquée en France, car la difficulté de recueillir des directives anticipées est un obstacle majeur, comme dit en 2023 :
Sans directives anticipées, c'est la famille qui doit décider de ce dernier accompagnement (l'article L. 1110-5-2 du Code de la santé publique).
Comme il est toutefois compliqué de retirer l'espérance des coeurs, il fallait bien une entourloupe juridique pour aller au bout du projet mortifère, quitte à incriminer les proches du patient...
6/ Le délit d'entrave pour faire taire l'amour des proches et les défendeurs de la vie
Accrochez-vous, ce qui va suivre est abominable de vilénie et de mauvaise foi :
"Art. L. 1115‑4. – I. – Est puni de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende le fait d’empêcher ou de tenter d’empêcher de pratiquer ou de s’informer sur l’aide à mourir par tout moyen, y compris par voie électronique ou en ligne, notamment par la diffusion ou la transmission d’allégations ou d’indications de nature à induire intentionnellement en erreur, dans un but dissuasif, sur les caractéristiques ou les conséquences médicales de l’aide à mourir".
Au premier regard, cette disposition est horrible large et peu rigoureuse :
- elle mentionne "le fait d'empêcher ou de tenter d'empêcher", sans définir ce fait, ni la finalité dans laquelle l'intention délictuelle doit s'exprimer...
Il serait assurément gênant de cibler expressément les proches du patient ! et d'incriminer ceux qui défendent... la vie.
Foutus délinquants !
- le texte aborde les moyens de l'infraction à réprimer, en visant... "tout moyen".
C'est large. Très large. Et un bon Conseil constitutionnel, dans de bonnes dispositions, ne pourrait que censurer cette règle pour être trop générale et peu spéciale, comme toute loi devrait l'être pour rester prévisible...
- "y compris par voie électronique ou en ligne, notamment par la diffusion ou la transmission d’allégations ou d’indications..."
Là, c'est génial. Tout cela se rapporte à l'exercice de la liberté d'expression. Tout bonnement.
Et en sens inverse, cette infraction est, également, difficilement conciliable avec le délit de provocation au suicide, dans l'hypothèse où un assistant social, un "soignant, ou un proche "suggèrerait" cette "solution".
Absolument rien ne va.
Alors, soit ce texte a été écrit par des singes, soit par des hommes très seuls et très imbus d'eux-mêmes, qui pensent donnent à leurs "frères" la prérogative divine de se donner la mort.
Mais qu'il y a-t-il de fraternel à encourager l'autre à mourir ?
Le fait est que le législateur est aujourd'hui corrompu par des dogmes puérils. Il tente de se poser en divinité. Une divinité qui donne la mort, comme elle donne des acquis sociaux, et dont les instruments seront les ressources de la fonction publique et la répression judiciaire.
En somme, cette proposition immonde érige en divinité... l'État.
C'est dégueulasse et ça ne tiendra pas.
En attendant, vous serez poursuivi pour préférer la vie, plutôt que la mort d'autrui.
Vous serez jugé pour avoir heurté les desseins de l'État Tout-puissant pour être... :
"...des forces réactionnaires, des porte-parole d’officines intégristes…" (voir ici).
La rhétorique de ceux-ci ne change pas, et cela dénote leur incapacité à argumenter et à convaincre.
Sans cesse, ils se victimisent, tout en désirant qu'on les divinise. Autre contradiction fondamentale.
Donc, à vous de choisir si vous souhaitez prier Saint Michel Archange ou Gérald Darmanin...
7/ Le législateur ne sait absolument rien de la "dignité humaine" qu'il prétend vouloir défendre
Le rapport parlementaire n° 1364 sur la proposition de loi, éternellement honnie, mentionne 85 fois le mot de "dignité", sans jamais le définir...
Le droit de mourir dans la dignité, est-ce le droit de mourir avec des habits ? Le droit de mourir avec ses proches ? Sans douleur ?
Le droit en vigueur soutient déjà cette dignité.
La dignité pour un malade consiste d'abord à bénéficier de soins et à être traité dans des conditions... dignes.
C'est-à-dire par des soignants empathiques et disponibles, dans des chambres individuelles, hydraté et nourris. Régulièrement.
Alors, si la dignité n'est pas respectée à l'hôpital, ce n'est que du fait de l'État.
Toutefois, les gens le savent...
Ils préféreront toujours la vie à la mort, malgré ce glissement civilisationnel épouvantable qu'on leur propose...
8/ Une déchéance civilisationnelle voulue par les tocards, les mange-merdes et les nihilistes
Donc, on veut charger des médecins de donner la mort ?
Elle est bien bonne !
Cette vanne est plus drôle que toutes celles qu'ont pu faire nos parlementaires.
Telle celle de Mme Sandrine Rousseau :
"Rien n’empêche un patient d’informer ses proches de sa décision ; chacun est libre de ne pas le faire. Au nom de quoi nous permettrions-nous d’obliger des personnes en fin de vie à prévenir leurs proches, avec tout ce que cela peut générer comme réactions ou tentatives de manipulation pour qu’elles reviennent sur leur décision ? Il est honteux de vouloir leur imposer cette charge mentale supplémentaire au moment où ils font face à une décision si difficile". (p. 297 du Rapport)
Oui, il est honteux de s'assurer qu'une personne en détresse reçoivent le soutien de ses proches ! Il est honteux que la cellule familiale, institution désuète, se substitue au Tout-puissant État !
Aller, isolons davantage l'individu ! Rendons-le bien malléable aux volontés de la société, qui sait mieux ce qui est bon pour lui !
Ou encore :
Mme Sandrine Rousseau (et toujours...) :
"Je suis absolument favorable à l’ouverture de l’aide à mourir avant l’âge de 18 ans. Un jeune de 17 ans et demi peut très bien prendre cette décision. La souffrance, surtout si elle est insupportable, n’a pas d’âge".
Le QI moyen à l'Assemblée nationale a bien chuté depuis Aristide Briand et Jean Jaurès...
On ne parlera pas non des blagues foireuses et des congratulations gênantes de nos bons élus :
"M. le président :L’ordre du jour appelle la suite de la discussion de la proposition de loi relative au droit à l’aide à mourir (nos 1100,1364).Chers collègues, on y arrive, ça sent la fin…(Exclamations amusées sur divers bancs.)M. Thibault Bazin : C’est difficile de ne pas la voir !M. Jean-Paul Lecoq : Elle est bonne, monsieur le président !"
Purée, oui excellent !
...
"M. le président : Je tenais, sincèrement et du fond du cœur, à vous remercier tous et toutes. Je pense que l’examen de ces deux textes a été exemplaire. Il a été long, parfois fastidieux, sans doute épuisant. Je vois sur ces bancs de nombreux visages qui ont été présents tout au long de ces derniers jours et même de ces dernières semaines, et je vous en félicite..."
Mouais, tu viens juste de débattre d'un texte qui ne sera pas appliqué ! Mais belle victoire, cher Président, pour ta carrière et pour plaire à tes maîtres.
Mais... une victoire symbolique, qui jamais ne vaincra le coeur des gens.
Seule réaction saine observée dans le rapport parlementaire en page n° 115 :
"Le fait de donner la mort à une personne, même si cette dernière la demande, marque une rupture, la transgression d’un interdit de nature civilisationnelle – je mets ici de côté toute considération religieuse.
Il ne faut pas prendre la chose à la légère. En instaurant cette nouvelle possibilité, vous faites de la mort une solution ultime.
Pour ma part, j’aspire à une vraie société fraternelle, où les nôtres seraient entourés jusqu’au bout et de la manière la plus forte possible.
Prenons garde, d’ailleurs, à ne voir dans la notion de fraternité qu’une dimension individuelle : ce principe inscrit aussi la personne dans un collectif".
Ce propos n'aura pas d'oreille attentive, puisque le rapporteur, qu'on ne nommera pas, à défaut d'être important, a tenu lourdement à passer pour une victime "d'attaques inadmissibles".
Mais ne vous inquiétez pas pour lui !
Lui aussi est promis à une belle fin de carrière et à toutes les richesses d'une vie docile et compromise.
9/ Une loi aux finalités commerciales pour libérer quelques autres initiatives économiques
Imaginez toutes les grandes opportunités que créera ce fameux "droit à l'aide à mourir"...
Tous ces beaux métiers : coaches en fin de vie, accompagnateurs des détresses, médecins des fins des derniers jours, chercheurs dans l'anti-progrès médical...
Tout dans cette loi suinte le lucre et la cupidité.
Et tout ceci tend à se réaliser au détriment des mêmes : des pauvres et des simples.
10/ Une usine à tuer du pauvre et du vioque
La famille qui fait face aux frais de santé et aux charges hospitalières feront désormais face aux pressions des médecins.
Dans l'hôpital public, le médecin est un fonctionnaire. Et comme tout fonctionnaire, il veut alléger au maximum sa charge de travail. Donc il se réjouira d'un patient en moins, comme un magistrat se réjouit d'un dossier en moins.
Certes, je fais bien peu de cas de la conscience du médecin, à qui l'on apprend, dès sa première année de médecine, qu'il commettra des erreurs et qu'il tuera forcément des patients...
Le médecin est très à l'aise avec l'idée de l'homicide ; ou bien, pour lui, c'est tout au plus une peccadille.
D'ailleurs, qui a (ou a eu) des grands-parents sait que l'euthanasie se pratique déjà dans les hôpitaux publics. Sans injonction. Sans sédation... Juste en ne prenant plus le temps de diagnostiquer, ou de traiter correctement ce public "non prioritaire".
Bref, on se fout littéralement de vos gueules.
Cette proposition constitue l'acmé d'une ère crasseuse et putride, qui est obsédée par le corps.
Mais Sandrine Rousseau, et toutes les intelligences égales, devront souffrir qu'il existe des réalités plus sensibles, plus douces, plus calmes et infiniment plus puissantes qui traversent le coeur humain ; et que jamais aucune loi, ni aucun interdit, ni aucune punition n'anéantira ce sens commun, ce penchant universel pour la vie.
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