La grande arnaque du "coaching en séduction"
Dans cette époque complètement ruinée, quoi de plus détestable que l'analphabète qui prétend te montrer la voie du milieu, le chemin du Nirvana, la maison de Vishnou et Shiva ? Et pour quel bonheur ? Celui de « serrer de la go » ? de « soulever de la petite » ? de « tartiner de la mégère » ? Ah ! Tu veux échanger des fluides ? Mais en vérité, espèce de victime de tous les dogmes, c’est toi l’objet du libre échange !
Regardons un peu l’auteur du vice. Le "coach en séduction" est :
- une aiguille dans une meule de foin ;
- un rat maigre que la génétique a rétrogradé parmi les figurants de l'existence (alors qu’il était à deux doigts d’avoir la prestance de Maitre Splinter) ;
- un farfelu qui se permet de délivrer des brevets en "masculinité".
Cela doit être entendu : il est malgré tout admiré par un grand nombre d'âmes affligées. Parmi elles, l’homme moyen, transparent, désarticulé que l’on aurait fort mal à discerner dans une foule de consommateurs de la rue Rivoli. Une véritable feuille A4 dans une ramette de papier.
Alors, lors de période de chômage prolongée, le « coach » veut t’apprendre à sortir avec des mannequins ; tout en omettant de préciser que, pour cela, il faut que tu ressembles toi-même à un mannequin. Le principe selon lequel « opposés s'attirent » ne concerne que la physique des particules. Science rapide.
Alors, dans ta quête très boomeuse et dégénérée du "jouir sans entrave", tu aimes qu'un "expert en tout" te délestes de plusieurs centaines d'euros. Et pour quel résultat ? Pour apprendre les mêmes méthodes que ton gourou pour arnaquer ton prochain : bosser ton storytelling (autrement dit, mentir), et faire miroiter de faux bénéfices à se lier à toi.
Prenons une règle qui dénote follement la débilité de l'affaire, voire de l'époque toute entière, avec la Règle des "trois jours".
D'après la doctrine autorisée, cette règle consiste "à se manifester uniquement trois jours après un premier rencard avec une femme". Pourquoi ce laps de temps ? "Pour montrer démontrer à l'autre qu'on n'est pas needy (dans le besoin), qu'on n'est pas affamé et que l'on met la dragée haute dans la relation et le jeu de séduction" (source : ici). Voilà ce que Google m'a apporté, alors que ce jour-là je voulais juste savoir en combien de jours le Christ avait ressuscité...
Dans cet encart, tout y est :
- la crainte d'être jugé ;
- le souhait désespéré d'être instamment désiré ;
- le voeux dolosif de créer une passion ardente :
- l'égoïsme de qui méprise les affects d'autrui ;
- la simplicité d'âme de celui qui croit pouvoir appliquer des règles générales aux relations humaines ;
- Etc.
Sommes-nous désormais à ce point dépendants de l'attention des autres qu'il faille simuler l'indifférence ?
Plus généralement, le ghosting est devenu une mode chez les crétins vingtenaires. C'est une mode qui procède des générations Y et Z; ou "je fais ce que je veux". Un véritable nid à névroses. En vérité, à trop avoir, on finit par ne plus vouloir.
Et cette insanité recouvre une réalité deux grandes inepties :
Première ineptie de la séduction codifiée : le couple est la clé du bonheur.
Qui peut prétendre graver dans le marbre des règles de conduite ? Sauf à être Jung ou Freud, faisons-nous très humble dans notre approche de la psychologie. Résistons à l'influence des médias et publicitaires qui nous enjoignent à être des machines à dépenser. Et quoi de mieux que d'abolir nous individualités complexes en nous transformant en couples cupides ? Soyons un peu plus résistants car, d'expérience, le couple n'est qu'une légère plus-value dans un quotidien. Ce n'est pas la finalité du bonheur, mais un moyen d'améliorer légèrement sa qualité de vie. Donc veillez à ne pas trop en attendre. Mais on en conviendra, la situation de couple procure un panel d'émotions un peu différentes qu'à l'accoutumée, mais une relation amoureuse reste inefficace à soigner les traumas. Le mal sera peut-être oublié les trois premiers mois, ou plutôt les trois premiers jours, mais le goût de la nouveauté s'effacera et les vieux démons réapparaitront. Alors, sans des habitudes de couple bien solides, et des intérêts strictement communs, tout s'effondre. Partant, on se rendra compte que l'on se fait atrocement chier. Raison pour laquelle je giflerais volontiers, d'un élan patriarcal et bienveillant, les tenants de la mouvance dite "Incels". Il a suffi à ces "célibataires involontaires" (cet intitulé me fait rire, mais je compatis à leur peine) d'essuyer quelques rejets du sexe opposé pour devenir des presque-nazis de la misogynie. Nuançons toutefois. Ce ne sont que de pauvres ermites à fleur de peau qui, la puberté agissante, souhaitent délaisser leurs MMORPG pour répondre à l'appel de la fornication. Or, tous ces petits merdeux feraient mieux d'utiliser cette rage adolescente contre eux-mêmes afin de se cultiver, aussi bien physiquement qu'intellectuellement. Rien ne vaut la direction d'un projet vivifiant. Ces animaux peu fantastiques auraient ainsi moins l'air de prendre la femme pour un vidoir à semence, et relativiseraient ainsi leur besoin de se mettre en couple. Ils devraient aussi discuter avec des personnes mariées, pour ainsi comprendre que le couple est comme un fonds de commerce. Pour que ça fonctionne, il faut que chacun ait quelque chose à apporter. Avec un peu de chance, ils verront qu'il est des instants de la vie autrement plus extatiques que le coït, comme celui de persuader un auditoire, d'aider une personne en difficulté, de donner un conseil qui changera une destinée, de sauver une vie...
Deuxième ineptie : classifier l'homme selon des critères fumeux (alpha, bêta, simp...)
Comme toute horloge cassée, les "grands penseurs" ont parfois raison. Nous sommes effectivement des animaux. En espèce intelligente, nous nous regroupons en clans. Et dans ces clans, quelques personnalités dirigeantes s'illustrent par leur autorité pour protéger la tribu. Cette observation se fonde essentiellement sur le gorille "alpha", qui guide les siens et a l'honneur de tenir un harem. Fin de la leçon. Ce n'est pas plus compliqué que cela, du moins d'après le coach en séduction. Alors pourquoi complexifier davantage le sujet ?
Autre contradiction, ces semi-gourous apprennent à leurs ouailles à mentir et à tricher afin de contourner l'hypergamie des femmes. Cette hypergamie, vilipendée par le followeur", est n'est jamais expliquée par le docteur ès boniments.
Voici un début d'explication : il semble que c'est au sexe opposé qu'appartient la lourde charge de la gestation. Son instinct lui intime donc de rejeter la semence à grumeaux, ne souhaitant risquer tant de peine pour une descendance d'entrée de gamme. Elle rejettera alors le premier tocard venu, le gamer, le branleur, l'homme à l'hygiène et à la psychologie douteuses, même s'il brandit un bouquet de pivoines. Tout autant de défauts réversibles sur lesquels il peut travailler. À défaut, il ne passera pas la première étape de la sélection naturelle.
Au fond, le meilleur conseil est : ne suis pas de règle. Respecte seulement l'usage universel qui veut qu'on ne fait pas autres ce qu'on ne voudrait pas qu'on nous fasse. Ensuite il suffit de faire un effort de compréhension : soit tu sais ce que l'autre veut et tu envisages de l'offrir ; soit non, et tu dois continuer à réfléchir, ou à céder la place.
Quoiqu'il en soit, faire d'un humain son objet de désir a quelque chose de douteux. Face à l'autre, il s'agit juste de ne pas trop s'épancher sur ses besoins biologiques, ni sur ses sentiments, pour éviter de faire sentir ses envies primaires. L'égo répugne cette animalité, raison pour laquelle ceux qui n'ont pas les deux pieds ancrés dans le réel (les idéalistes) rêvent de métaphysique, d'union des âmes, de passion éternelle, d'amour courtois, de certitude d'être l'élu d'un coeur embrasé... Oh ! C'est beau ! Sauf que ça n'existe pas...
Or, la bonne conduite est de garder un peu de mystère. Susciter une sorte de fascination. Tu l'auras donc compris, les conventions sociales en vigueur s'appliquent également dans le couple, à la différence près qu'une série d'interactions peut engendrer une portée de marmots. Des animaux sophistiqués certes, mais pas si compliqués.
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