Analyse théologico-philosophique de "Zack Snyder's Justice League"

    Une oeuvre de cinématographique a récemment bouleversé l'Occident. Après l'échec commercial et artistique du "Justice League" de 2017, un homme seul, meilleur iconographe que cinéaste, aurait su transformer ce produit en métal précieux.

    L'histoire ? Un bipède à la mine renfrognée, muni deux grosses cornes bien bovines, se met en quête de retrouver trois cubes parce qu'il a prêté allégeance à une divinité. Ces grosses boites, une fois réunies, permettent d'asservir les habitants de toute une planète. Pas de chance, ces boites sont toutes sur Terre, et malheureusement, Superman est en invalidité permanente de travail après s'être fait embroché par un homoncule kryptonien. Tandis que le Batman, quadragénaire et champion de kickboxing de nuit à la retraite, sent la menace extra-terrestre arriver, et tente de réunir les 3-4 personnes qui ont les meilleures génétiques au monde. Ce qui n'est pas simple car ces êtres extraordinaires pour la plupart aigries à cause du deuil. Malgré tout, le vilain bipède, qui porte le nom d'un groupe de hard rock des années 70 réussit à réunir les cubes après s'être frayé un chemin chez les Amazones, les Atlantes et les New-Yorkais, à coup de hache cosmique. Au moment fatidique, un héros arrive à remonter le temps pour éviter le pire. Et fort heureusement, l'homme le plus puissant de la galaxie a été ressuscité grâce à la science d'un de ces cubes. Puis c'est la fin. Mais le rideau se ferme quand même sur la vision d'un futur apocalyptique.


    Analyse ? Cette histoire a l'air basique. Une menace extra-terrestre, une course à des objets célestes, et le sort de l'humanité comme enjeu. Seuls des êtres hors du commun peuvent intervenir. Mais il y a-t-il un symbolisme dans ces cubes ? Cet antagoniste cornu représente-t-il le mal en un sens manichéen ? Ou représente-t-il la déchéance d'une humanité en perdition ? Les héros représentent-ils la victoire de la vertu sur le nihilisme ?

    À mon sens, ces trois cubes incarnent le matérialisme précédé par la morale chrétienne. Ils sont le symbole de la soumission de l'âme humaine au confort et au ressentiment. Ces cubes ont été octroyés aux hommes car ils représentent leur confiance aveugle dans les sciences. À force de déprécier l'existence, le matérialisme paroxystique a appelé une figure eschatologique. Mais quelques justes suffisaient à provoquer la résurrection du protecteur. Ces sages dépeints en héros portaient en eux l'idée de mort. Portant le deuil, leur réalisme était teinté d'idéalisme. Ainsi, l'idéal qu'ils portaient dépassait leur propre matérialité, faisant d'eux des sauveurs. Car il suffit de quelques de vertueux pour répandre la sagesse au monde. La foule unie, mais impie, a donc retrouvé son âme, et ses péchés ont été rachetés par ces nouveaux Christ, qui eux n'ont cessé de croire. 

    La bête n'était alors qu'une épreuve de foi ? Ces justes, représentés par ces cinq personnages, portent chacun une valeur aussi bien judéo-chrétienne qu'issue de la philosophie antique : la vérité, l'espoir, l'innocence, l'abnégation et le courage. Leurs dons ont servi la paix perpétuelle plutôt que leurs jouissances personnelles. Ils ont résisté à la tentation de la domination et de l'asservissement des plus faibles. 

    Néanmoins, cette bête incarnait-elle vraiment le mal ? La volonté de l'antagoniste était de trouver le salut, d'être pardonné, et d'entrer au royaume de sa divinité. Sa quête était résolument égoïste, mais terriblement humaine. Et si le bipède a été défait, c'est parce qu'une concorde d'êtres spirituels l'emportera toujours sur le dessein d'un déchu. Tel est l'avertissement donné à l'humanité. La petitesse de l'humain ne justifie pas qu'il abandonne son existence. Son oeuvre est de trouver le fond de spiritualité qu'il détient. C'est ainsi que l'humain découvrira les valeurs qu'il partage avec ses semblables, sans qu'il n'ait à attendre d'être au bord du précipice pour se redresser. Tout comme la justice, le royaume des cieux est dans le coeur des hommes. 

    Et la vision apocalyptique de fin, et le dialogue de deux êtres incarnant le vice et la vertu, est une illustration de l'Éternel retour. Si l'humain, pris individuellement, est condamné au néant, il doit néanmoins vivre sa vie en songeant au moment présent, afin qu'il puisse souhaiter que chaque moment se reproduise éternellement.




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