L'école des avocats : le premier cercle de l'Enfer de Dante

 Je lance l'anathème : l'école du barreau est le haut lieu de l'indélicatesse, de l'immaturité et de l'inculture.  On pense avoir fait le plus dur, mais nous voici perdus dans les limbes, comme si on avait séché le baptême.

Bienvenue dans le premier cercle

    Là-bas, c'est l'écrasante majorité d'affairistes qui te ferait regretter ton voeu sur Admission Post-Bac. Et puisqu'on vient d'évoquer le baptême, rappelons que c'est un acte de foi, le don d'un héritage moral. Le baptisé d'antan plaçait le privilège de sa noble naissance au service de sa communauté, sans pour autant renier le prestige de son statut. Il fut un temps, il en allait ainsi de l'avocat. Maintenant, ce n'est plus une réussite comme éminent pénaliste qui fait rêver mais... comme fiscaliste, et international s'il vous plait ! Maintenant, la foi dans cette profession est tournée vers la suffisance de soi et l'enrichissement d'un capital dûment hérité et déjà bien charnu. Donc le rêve de l'avocat dit "moderne" est littéralement de se perdre dans une usine à défiscaliser. Voilà ce à quoi ressemble le public majoritaire de ces établissements : un clone en costume, rasé de près, qui revendique fièrement son aliénation politique. Adulé par ses pairs, le nouveau dévot est fier de n'avoir jamais travaillé un seul jour de sa vie pour s'offrir ses séjours linguistiques. Et les directeurs d'écoles, non moins avides, soutiennent vigoureusement cette passion froide pour le prestige. Et il faut absolument saisir les "meilleures places", et ce dans les cabinets les plus "prestigieux" tels que *insérez une suite de noms anglophones qui suintent l'optimisation fiscale*. 

    C'est au bout de dix années d'exercice, peut-être cinq pour les plus malins, que le juriste anxieux comprendra qu'une vie pour soi est une vie gâchée. Enfin bon, on s'égare ! Sache que tu fréquenteras certainement des personnes bien éduquées, vives et curieuses. Mais globalement, tu côtoieras une foule d'ignorants qui ont substitué le bonheur du savoir au vain divertissement. Tu constateras que certains ne doivent leurs places qu'au prix d'un travail besogneux et bachoteux. Il est d'ailleurs d'intérêt public de souligner que les frais d'inscription peuvent aller jusqu'à 2 325 euros pour douze semaines de cours, lesquels ont l'air de resucées de scènes de Burnt After Reading


    Imagine-toi alors te lever le matin pour écouter un intervenant trop confiant qui n'a pas préparé sa prise de parole. Imagine-toi suivre des cours aux titres ronflants comme "Techniques de diagnostics psychologiques et psychosociologiques en situation de crise". Imagine-toi passer huit heures entières, le séant vissé à un strapontin, à te dire que ce cours pourrait être synthétisé en un MOOC de quinze minutes, et qu'au lieu de souffrir ici tu pourrais être en train de lire un chef d'oeuvre de la littérature. Disons-le, les "EDA" ressemblent à des paquebots rouillés qui avancent avec des rustines. Bref, l’école des avocats est une véritable dystopie, une crise humanitaire à elle seule, Gog et Magog de la profession  

    Or, voici une proposition d'amélioration : cette formation trouverait réellement son intérêt en consacrant six semaines de cours sur douze à examiner des montages financiers. Au Panama, aux Iles Vierges ou aux Caïmans, on rencontrerait de braves banquiers et de vigoureux conseillers financiers avec des bronzages ratés et des dents trop blanches pour être naturelles. Sur cet Eden, on verrait se négocier parmi les lucioles des contrats et des contre-lettres. Après cela, vêtus de chemises à fleurs et de pantalons en lin, quelques préposés d'établissements de dépôts viendront nous sensibiliser à la lutte contre le blanchiment d'argent, cette fois entre deux constitutions de sociétés écrans.

Voilà.

Pourtant, cette profession semblait être une bonne idée au départ...



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