Faut-il interdire ce qui est nocif ?

    Nombreux sont les commerces qui conduisent le consommateur à la mauvaise santé, à la ruine ou au déshonneur. Or, même si critiquer la liberté du commerce confine au bolchévisme, il parait nécessaire de discuter le sens que l'on tend à donner à la liberté individuelle dans une société d'immatures et d'irresponsables.

    Faisons un tour d'horizon, tout en nuance, de la perfidie systémique (liste loin d'être exhaustive).


LE PARI SPORTIF

    Cette industrie pèse 349 millions d'euros en France, et elle ponctionne les moins instruits en leur faisant croire qu'ils peuvent faire fortune avec leur seule intuition. Et la méthode ? Elle est d'une simplicité débilitante : des publicitaires reprennent les codes du "parler jeune" avec des phrases ringardes comme "entre dans le game", "pars dans le turfu", ou bien avec des mèmes sur les réseaux. On le verra plus loin, c'est un énième commerce qui surjoue la proximité avec le public, son projet est clairement d'initier les adolescents au vice, et en particulier ceux qui n'ont aucune assise intellectuelle. Car ce n'est un secret pour personne : le pari est extrêmement addictif. Si tu perds, tu te dis que tu vas "te refaire" ; et si tu gagnes, tu ne t'arrêteras pas en si bon chemin. C'est une machine à broyer les crédules. Or, à notre connaissance, ni Warren Buffet, ni Carlos Slim n'ont fait fortune sur Winamax, et on ne concevrait pas non plus qu'Elon Musk ait foutu un seul orteil dans un PMU. Il est donc clair que le gain facile et rapide allèche forcément les moins instruits. En fait, quitte à capitaliser sur le hasard, mieux vaudrait plutôt décrocher un diplôme en finances internationales pour travailler dans une banque d'investissement. 

    D'un point de vue plus substantiel, cette industrie dégueulasse a aussi totalement dénaturé le sens du sport. Par exemple, depuis l'incursion des qataris dans le football européen, il n'est plus question de vibrer devant une performance d'athlètes, mais seulement de jouer à se faire peur en misant de grosses sommes. Certes, le spectacle en est que plus intense, mais pourquoi ne pas plutôt se passionner pour un fanion ou pour un champion ? 

    Mais "ils sont adultes", certains diront. "Ils font leur choix. Ils ont conscience des risques". Alors, non. Ce type de dénis méconnait la nature humaine. Si la raison était innée, on n'aurait sûrement pas produit 2 000 ans de philosophie, et Cyril Hanouna serait aujourd’hui vendeur de tacos à Boulogne-Billancourt. La société française est donc mal venue de sous-estimer la vulnérabilité individuelle, surtout face à un marketing terriblement agressif. 

    Donc ma préconisation : interdiction du pari sportif, répression des gérants de salles de jeux clandestins, et déchéance des droits civiques pour les réfractaires.


LE TABAC

    Voilà un belle industrie qui pèse 37,8 milliards en France. Son but ? Fournir à l'anxieux sa dose quotidienne d'ammoniac, de cyanure et d'arsenic. Darwinisme typique. Mais saluons les compagnes de prévention, bien qu'elles n'empêchent pas les buralistes d'être des percepteurs d'impôt terriblement efficaces avec 18 milliards d'euros de recettes en 2019. Et est-ce que le budget de l'État pour la prévention dépasse le 100ème de ce nombre ? Assurément non. Est-ce les conséquences du tabac sont plus onéreuses que ces recettes fiscales ? Complément : 26 milliards d'euros de dépenses en soins pour 2019. Etat-stratège.

    En fait, l'intelligence s'est exilée loin, très loin du Vieux continent... Puisque la Nouvelle-Zélande a décidé d'interdire la vente de tabac pour les personnes nées après 2004. C'est un bon départ, mais seul Rodrigo Duterte semble avoir pris la mesure du danger dysgénique. Et parlons-en des déficiences causées par le tabac... On a tous vu cette jeune mère, dont le cerveau s'est liquéfié par excès de téléréalité, et qui expose sur les réseaux son nourrisson sous couveuse avec des tubes respiratoires. La cause ? Peut-être le train de vie conservé par la mère durant sa grossesse ? Donc le tabac, ça dégage. On n’en peut plus de ces fumées acrimonieuses qui agressent nos nasaux délicats. Un véritable avant-goût de l'enfer

    Et l'argument économique peut-il s'imposer ? Interdire le tabac tuerait-il tant d'emplois ? En 2011, six usines de fabrication de cigarettes faisaient vivre quelques régions industrielles. Depuis 2019, c'est terminé. Les industriels sont partis, sans manquer de pointer des "politiques publiques décourageantes" (lourd euphémisme). Tout se passe désormais en Europe de l'Est... Comment ça, elle n'est pas "éthique" l'industrie du tabac ?

    Donc, non content de se faire bizuter par le prix du paquet, le fumeur ne poursuit même pas un acte militant. Fumer, c'est éventuellement la liberté de s'enlaidir et de s'enlever 20 ans sur sa ligne de vie. 

    Préconisation : pas de peine d'amende pour les fumeurs sur la voie publique, mais des coups de bâton sur les flans jusqu'à écrasement de la cigarette ou de son son vidage si elle électronique.


LA RESTAURATION RAPIDE

    Si c'est la possibilité d'avoir des grillades propres en moins de 5 minutes, là d'accord. Mais le "propre", n'est pas du goût du "grand public". De nos jours, c'est une civilisation toute entière qui préfère entre toutes choses le sucré et le gras. C'est le grand culte du burger lubrifié par une boisson à 50 grammes de sucres. Deux fois le dosage journalier recommandé par l'OMS.

Pourquoi cette préférence pour un tel régime ? Automédication contre la chute du taux de dopamine ?  Volonté saine de réaliser des réserves adipeuses contre la famine hivernale ? Nécessité d’être repu afin de chasser le cerf pendant 7 heures en tout sérénité ? Traverser les Pyrénées à la marche ? Non, juste pour le plaisir. Sauf que le gros lard le consommateur surestime ses besoins énergétiques, lesquels sont sans communes mesure avec ceux d'un marathonien. Alors pourquoi le consommateur s'alimente-t-il comme tel ? Un gamin qui n'a pas 3 ans peut-il encore recevoir un menu entier du McDo, sans que l'on soit légalement obligés de contacter les services sociaux ? Il y a fort à parier qu'un tel gamin sera à jamais asservi, et qu'il ne voudra manger autre chose. On conçoit cependant que la confinerie a rendu bien rares les plaisirs, mais cette période maudite était l'occasion d'apprendre à cuisiner des aliments frais, et à se renseigner sur les macro nutriments. Fort malheureusement, la bonne cuisine s'est donnée une image sophistiquée et inaccessible à cause des médias. Il serait donc impossible de bien se nourrir sans le dernier Thermomix à 1200 euros. Mais il faut revenir aux fondamentaux. Il convient de se rééduquer avec une alimentation minimaliste, à savoir un minimum de produits par repas, mais tous consistants et rassasiants, sans apport excessif en sucre et en gras saturés. 

    Alors, quel argument économique ici ? Là aussi, il est balbutiant : cette industrie permet certes à bien des post-lycéens de gagner un peu d'argent et de connaitre le travail en équipe. Mais ces jeunes ne prennent que quelques fifrelins pour un travail extrêmement directif et physique. Avec le salaire minimum, le boutonneux se verra alors ouvrir un pont d'or pour le triptyque « voiture d'occasion-garagiste-pompe à essence ». La Sainte Trinité du racket. 

    Admettons cependant que l'embonpoint des thuriféraires du Big Mac permet la circulation du sacro-saint Euros. Par le jeu de l'effet démultiplicateur, le gras du bide dépensera des fortunes en coaching inefficaces, puis le coach-influenceur excipiens se payera un peu de décadence à Dubaï, et le Dubaïote viendra investir en France dans clubs de sport et sites de paris en ligne. C'est le cercle du néant. 

    En attendant, rares aujourd'hui sont les 18-25 ans qui passent un menton au dessus de la barre de tractions.

    Préconisation : paiement en fast-food exclusivement avec des tickets de rationnement, dans la limite d'un repas par mois et par foyer, puis réussite obligatoire au parcours de la Légion étrangère pour obtenir le droit de voter.


LE RAP FRANÇAIS

    Ce genre musical aurait dû s’arrêter à IAM, voire au premier départ de Kery James. Vous savez, j’adore le rap. Je l’aime tellement que j’en ressens toute la quintessence dans l’oeuvre magnifique de NWA et de Public Enemy : expression politique, ingéniosité dans la rime et rythmique énergisante ; soit tout ce que n’a pas le rap français. Tout ce que je vois actuellement, c’est le petit Vald qui rappe sa dépression avec des textes que je pourrais écrire avec mon pied gauche ; je vois aussi Jul, Booba, Kaaris qui glosent sur la vie urbaine avec des rimes pauvres et des phrases composées au hasard ; je vois Niska, PNL, Bramcito qui prennent les mêmes voix de demeurés, sans doute pour percevoir l’allocation adultes handicapés. Tout cela pour faire l’apologie des opiacés et de personnages de films de De Palma.

    Prenez Rohff, il n'a pour lui qu'une véhémence idiote et sa production est un poison, un vrai cancer pour le cerveau. Imaginez le zigoto de 16 ans qui n'écoute que ça... Dépourvu de tempérance et de vocabulaire, il serait à peine bon pour livrer des pizzas. 

    Donc tous autant qu’ils sont, ils devraient fantasmer un diplôme universitaire plutôt que la vie de gangster.

       Préconisation : prison pour tous les rappeurs actuels avec un programme de réinsertion composé de 50 heures de solfège par semaine. Sur leurs temps libres, ils pourront exclusivement consulter des pépites des années 60-70 à la médiathèque de la maison d'arrêt.


LES "BOITES DE NUIT"

    L'occupation ultime du tocard qui ne vit que pour le week-end. Ces commerces devraient disparaitre à tout jamais du paysage urbain, et quand on vous dit : "Viens on va en boite", sachez que c'est une invitation à la médiocrité. Quand on vous adresse un "allons se mettre une mine au Pacha", sachez que c’est le cri du malheureux voulant échapper à un quotidien aussi chiant qu'une pluie diluvienne. 

    Qu'on se le dise, ll faut être assez écervelé pour s'infliger une nuit blanche dans un lieu où la musique est (beaucoup) trop forte, de (très) mauvais goût, et où se frottent des gens qui consomment des boissons qui divisent par trois un QI déjà peu élevé. Alors pour échapper à la réalité, cette belle peuplade danse. Elle danse pour prétendre qu'elle est heureuse, mais - écoutez bien - voici la vérité : pour se sentir importante et désirée, la femme se trémousse avec à fois tout le monde et personne ; tandis que l'homme nourrit l'espoir du coït en gigotant, un verre à la main, vers celle qu'il n'aurait jamais regardée sobre et à l'aune d'un éclairage normal.

    La discothèque est ainsi bien le seul endroit au monde où tu peux chopper une MST rien qu'en respirant. Même le COVID s'incline devant autant de bactéries. Si t'as le malheur de te tromper de verre, tu as une chance sur deux d'attraper un herpès. Même si la boite ferme à 2h, tu peux te faire freddymercured avant minuit.

    Préconisation : chaque discothèque remplacée par une salle de sport avec à l'écart un petit coin bar décoré avec goût, ainsi qu'avec un espace de lecture et de discussion meublé de fauteuils relaxants.

Ta santé est précieuse. Ne l'oublie pas.


LE RESEAU "ONLY FAN"

  Si la prostitution est le plus vieux métier du monde, le capitalisme dégénéré l'a revigorée avec éclat. Certes, la liberté de créer son entreprise est un des fondements de la société, mais pas si cela confine à voir le fondement de Julie la miséreuse, au caractère instable et à l’éducation parentale défaillante. Toi aussi Salomé, personne ne veut voit ta foufoune. Et à mon sens, l'intimité d'un humain vaut bien plus que 10 000 euros par mois. L'argument même de la "libre disposition du corps" est peu convaincante. Cette thèse est avancée par des libertariens qui prônent des possibilités absolues, cela même pour des personnes bien fragiles psychologiquement. Or, précisons que le libertarien n'est qu'un privilégié qui se sert du concept de liberté pour tirer un profit pécunier de la moindre misère sociale. Le libertarien, un peu limité malgré ses titres ronflants, omet que l'on n'est pas tous égaux devant la Nature, et que le but de la loi est, en principe, de protéger les plus faibles. 

   La plateforme Only Fan passe donc une étape supplémentaire dans le proxénétisme de réseau. Le subterfuge pour légitimer ce commerce est alors la fameuse "vocation artistique". Et si la détresse sexuelle de mâles est exploitée, c'est bien sûr la faute de la société. Evidemment, "pourquoi sexualisez-vous le corps de la femme ?" Là aussi, il ne faut pas avancer le motif biologique, car le sociologue de 15 ans d'âge mental ne peut en saisir les aspérités. Et pour le prétendu expert en sciences humaines, tout n'est que "construction sociale". Évidemment, tout est plus simple à comprendre après. Mais qu'importe. Pour certains, le but ultime de l'existence est indéniablement de "jouir sans entrave", sans même s'inquiéter de ce que leur lubricité repose sur de lourdes névroses. Bref, c'est juste la dignité de nombre de femmes qui est en jeu. Et plus tard, pas certain pour elles que l'excuse de "ce n'est qu'une erreur de jeunesse" fonctionne.

Donc, sois digne.



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