Comment bien choisir ses clients ?

Après vous avoir brillamment aidé à bien choisir votre avocat, je vous aide à présent à bien choisir vos clients. Ces conseils s’appliquent à tout entrepreneur, qu’il soit maître ostréiculteur, thanatopracteur ou simple professionnel libéral.

Sans plus de simagrées :

Conseil numéro 1 : le client doit s’engager à vous payer vite et bien

C’est, sur toutes les autres, la qualité la plus attendue d’un client. Il eut beau vous faire l’honneur de vous solliciter, ou même de vous flatter : vous vendez une expertise. Certes, pas la meilleure, mais si vous envisagez de vivre de votre industrie, respectez-vous. Écartez les bavards, les anxieux, les peureux ; et faites-vous payer d'avance avant d'entreprendre la moindre diligence. "Je vais vous payer, ne vous inquiétez pas". D'accord, et diriez-vous à votre boulangère : "Je prendrais une tradi sans orge et je payerais plus tard" ? Sachez identifier les crèves-la-dalle et les bonimenteurs.

Conseil numéro 2 : le client doit être respectueux

L'individu doit respecter votre titre, et savoir épeler votre nom. Chacun convient que c'est la moindre des politesses. S'il n'est pas capable de se rappeler de votre nom, soit l'individu est dépourvu de manières et d'empathie, soit il est au moins à demi-sot pour n'avoir de mémoire. Le client doit aussi avoir conscience de votre titre et de la qualité de votre formation. Ce défaut de conscience touche tant les pauvres en esprit que les entrepreneurs. Les premiers n'ont jamais vraiment bossé de leur vie, donc ils ne connaissent pas la valeur du travail. Les seconds pensent que leur travail vaut mieux que le vôtre, et leur vanité les conduiront à vous prendre pour leur petite chose. S'il ne respecte pas votre temps, il ne respectera pas votre travail.

Conseil numéro 3 : le client doit savoir organiser ses documents


Si vous demandez à quelqu'un son dernier avis d'imposition sur le revenu et qu'il sort son Huawei pour voir ce que c'est, alors c'est drapeau rouge. Si la personne n'a jamais entendu parler de sous-chemises cartonnées, ou si un lutin est pour lui un personnage de Leprechaun avec Warwick Davis, abstenez-vousVos échanges seront laborieux, sans fin. Le traitement du dossier ne sera pas fluide, et vous devrez justifier, à qui voudra l'entendre, que votre client est un bulot. Vous n'avez pas à lui apprendre à trier et à ranger ses bulletins de paye, ni à vous connecter sur ses comptes personnels comme le ferait sa mère. Ou, le cas échéant, signifiez-lui que vos honoraires seront multipliés par deux.

Conclusion : non aux bulots

Voici une cartographie des risques qui vous évitera bien des ennuis. Sans rire, suivez ces conseils, et vous aurez un avantage compétitif sur les concurrents qui, ne voyant que le gain, et seulement le gain, s'embarrasseront de clients hystériques (le rapport au concurrent sera sûrement traité dans un prochain article). Pour une heure rémunérée, ils en passeront deux à se justifier sur leur manque de réactivité ou sur l'emplacement d'une virgule.

Vous devrez aussi composer avec la tendance mortifère de ces deux derniers siècles : la gratuité. La gratuité à outrance. École gratuite, médecine gratuite, allocations gratuites... Un enfer. Alors l’on doit tous se vouer à rééduquer le zigue qui passa sa vie à tendre la main. Mais avec force persuasion et fermeté d'esprit et de parole, ça ira.



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