Éloge de Charles Stamper (« Mister France 2024 »)
Dans un bar branché de Toulouse, voilà un joli couple de blondinets. Tous deux fixent une tablette éclairée. Quel serait le sujet de leurs travaux à l'heure où Poncho le pochtron fixe son alcoolémie à trois grammes cinq ?
Ils ont la beauté du diable. Lui, a le sourire ravageur serti d'ivoires brillants qui percent la rouge pénombre des néons colorés. Son teint semi-beige est d’une sombre clarté naturelle. C'est un véritable Apollon de Scandinavie aux cheveux hirsutes qui s'est égaré dans le Rhône. Sa coiffure va de l'avant et ses tempes sont rasées, donnant ce que les experts appellent « undercut », et les forces de l’Ordre « coupe au bol ». Quant à Madame, elle a les yeux d’un bleu saphir tout excités par la lumière rouge et tracés au crayon noir. C'est une bombe cosmique à la chevelure blonde et épaisse. C'est un petit miracle au visage fin semblable au royaume des cieux, et dont le régent est un petit nez un peu courbé. Mais ce visage est étrangement caché par une double couche de fond de teint, comme pour couvrir un bouton coupable, ou pour éviter de luire dans la fournaise toulousaine.
Les « dauphins » du roi Charles sont aussi à la fête. Il y a du Mister Bourgogne, du Mister Midi, du Mister Cote d'Azur, du Beaujolais... Souffrez que le beau soit niché dans le sud de France éternelle (tout comme la sympathie). Ces quatre grands gaillards ont les muscles enrobés dans de bonnes chemises blanches. Bien coiffés, ils dansent. Ils dansent et ils boivent des softs pour rester healthy. Ils discutent de tout et avec tout le monde. Ces joyeux drilles sont étonnamment articulés. D’ailleurs, au risque de paraitre odieux, il me semble qu'ils réalisèrent d'intenses efforts de construction rhétorique lorsque je leur ai décliné ma qualité. L'intelligence est un choix, tout comme la bêtise. Mais, chers amis, nous parlons de concours de beauté. Nous parlons de discipline (et aussi d’écoles de commerce). Nous parlons de l’exigence du corps et du coeur. Ce ne sont pas des godillots de télé-réalité, mais des membres de la représentation nationale. Puis l’un d’entre-eux m’amène vers le « patron », qui serait « en train de charo ».
Je rencontre alors ces deux blondinets esseulés, et les salue en leur serrant joyeusement la main, comme pour forcer ma fibre sociale qui est, avouons-le, peu robuste. Avec une petite blague, je désamorce l’embarras de m'imposer entre-eux en leur demandant ce sur quoi ils travaillent à une heure si tardive. Il est 1h passée. Je m’installe sur la banquette à droite de cette belle femme, dont je n’ai pas retenu le prénom (elle est belle et c’est déjà une belle qualité).
Ils sont épaule contre épaule. Rappelons que le couple avait les yeux rivés sur le menu. De Madame rayonne une jolie discrétion. Contrairement à toutes les belles femmes, elle ne dédaigne pas. Ses atours ne lui suffisent pas. Elle ne complexe pas non plus d'être plus belle que la moyenne (cas plus rares). Elle est l'image et l'égale de son compagnon, dont la sympathie se joint à une élégance et à une vertu naturelles. Lui sourit et me demande des conseils et se montre infiniment accessible, bien que toute une industrie le mît sur un piédestal d'une tour d'ivoire au sein d'une citadelle située sur une montagne. Mais ce n’est pas le prolétaire de base qui entend tirer les fruits civils d'une apparence avantagée. Ce n’est pas l’étudiant en école de commerce qui sert à sa camarade de BDE une sixième verrine de Jägerbomb par pur désir de convivialité. Mais c’est l’homme souhaitant une vie remarquable et remarquée qui affectionne les délicates pudeurs, et qui souhaite sincèrement que son couple perdure. Ecce homo. C'est l’homme qui construit et compte satisfaire, là où dans les matières du coeur je dois, quant à moi, me confondre en boniments faramineux et en flatteries serviles. J'offre des rivières de diamants (dialectiques), des ruisseaux de mots, des éloges… Or, Charles n'a guère besoin de ses peines. Sa sincérité lui suffit. Quand sa femme pleure, Charles pleure ; quand elle rit, il rit aussi. Qui sait, sûrement connait-il, aussi, l’angoisse de la relation trop durable. Peut-être, elle ou lui, l'un avec l'autre, considère « rater quelque chose » ; et que lorsque l'un n'est pas dans l'autre, il n'y a que l'incertitude de l'ennui. Ainsi cherche-t-on incessamment une mer plus lointaine. Une autre terre sans horizon... Bref, qui n’a jamais discuté avec le vainqueur d’un concours de beauté a peut-être raté quelque chose.
Commentaires
Enregistrer un commentaire