La Légende dorée de Cardi B
Cardi B est née à New-York de mère et de père inconnus. Abandonnée à la naissance, elle a été retrouvé sur une banquette du Burger King du croisement entre West Side et la 4ème Avenue. Recueillie par la famille Coulson, elle sera prénommée Stéphanie.
Malgré la bonne volonté des Coulson, foyer honnête et chiche, Stéphanie était d’un naturel rebelle. Bien souvent, elle fugua. En grandissant, elle découvrit les plaisirs faciles de la chair et fit commerce de son corps. Sur le trottoir, elle rencontra un jeune auteur de musique rap qui l’initia à cet art délicat. Alors la jeune catin à la voix forte fit de son compère son parolier, et prit le nom de Cardi B, en référence à une bouteille d’alcool qu’elle avait vu par terre.
Lors des fades années 2010, les « lyrics » franches et crues de la jeune Cardi n’emportèrent pas les coeurs. Puis vint le tournant instruit par les Paris Hilton, Kim Kardashian et les tenanciers de l’abstraction « Me Too », qui érigèrent en majesté le sexe féminin et la nudité.
C’est lorsqu’elle sortit son titre « Wet ass pussy » (ou « Chaton derrière trempé ») que Cardi devint la papesse de la gynécologie. Véritable ode à l’animalerie, les gens de goût seront horrifiés de ce que cette oeuvre étrange cumule plus de 1,8 milliards d’écoutes sur Spotify. Le vidéo-clip de « WAP » met en scène une maison close habitée d’épaisses gourgandines en tenues d’astronautes. Cardi B vient donc du futur, et c’est un énorme glaviot que le futur lâche sur un présent qui fut trop innocent. C’est le projet satanique accompli ; mais comment en sommes-nous arrivés à célébrer un hymne à la prostitution ?
Le personnage est laid et peu sensuel. C’est comme si on avait fait participer une travailleuse du Bois de Boulogne à l’émission « Make a wish » qui eût rêvé d’enregistrer un single. Rien ne va. Dans cette parousie du vagin, des milliers de petites filles vont chanter des trucs comme « gare donc ce gros camion dans ce petit garage » ou « je fais un kegel quand c’est dedans ». Et quand un gosse se met à chanter ça, il est ruiné. Cardi B le sait. C’est l’outil du grand capital pour épaissir les rangées de demeurés et de dégénérés. Mais cette musique n’est pas communautaire. Elle s’inspire des codes des populations les plus pauvres ; pauvres intellectuement et pauvres culturellement. Jeux-vidéos, porno, fast-food et réseaux sociaux sont les quatre cavaliers de l’Apocalypse, et Stéphanie est une synthèse de ces maux. Elle pensait participer à un mouvement de libération sexuelle, mais elle restera une vague ico(n)ne de la vie matérielle et charnelle, donc naturellement finie et pourrissante. Elle pensait incarner l’émancipation, alors qu’elle fut produite par des hommes pour exciter les hommes. Cette légende n’a donc rien de dorée, mais elle est rouillée. Et Stéphanie ne peut être une sainte, puisqu’elle n’a jamais dit une parole qui d’elle ne sortit ; or, comme disait Pascal : le silence est la plus grande des persécutions, mais les saints ne se sont jamais tus.
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