Ces phrases qui ont élevé mon niveau de conscience
« Dieu vomit les tièdes »
Réplique fascisante entre toutes, c’est une formulation du verset 3:14 de l’Apocalypse qui a été popularisée par un quelconque film français (pléonasme). Couplez ceci à du Saint Augustin, et vous apprenez que l’action amène à la chance. Et ceux qui s’abstiennent d’exercer leur libre-arbitre, divin et sacro-saint privilège octroyé par le Très-Haut, ceux-ci sont damnés, et d’une damnation profonde et presque irrévocable. Alors il importe beaucoup de n’être pas un fade, un mou, un moyen qui est d’accord avec tout le monde et qui fait tout comme les autres.
C’est une véritable injonction à ne pas se palucher devant la dernière « sortie Netflix », à assumer ses frustrations, à les surmonter ; et à faire des efforts vestimentaires et alimentaires pour avoir une apparence décente et ne pas avoir l’air d’un semi-crapaud que l’on placarde sur des « back offices » de Didier Lequidam, diplômé en servilité és qualité .
« Toujours courtois, jamais copain »
Cette maxime, de moi-même (me semble-t-il), vous exhorte - au travail - à raconter votre vie avec parcimonie.
« Au taf », vous convoitez les mêmes avantages et les mêmes avancements que vos petits camarades. Vous êtes un énième concurrent et tout ce que vous pourrez dire pourrait être retenu contre vous.
Donc évitez, Messieurs-Dames, évitez de parler de votre situation amoureuse, de votre dépression chronique ou de vos menstruations (même si c’est à la mode). Le collègue ou le confrère qui vous veut du bien vous dira, ou vous fera comprendre, qu’on n’en à rien à foutre de votre vie privée. Mais celui qui veut vous plomber, vous laissera parler, prendra patiemment des notes et donnera un écho indésiré à vos propos. Alors gardez ces bons vers d’Hugo en mémoire :
BRAVES gens, prenez garde aux choses que vous dites. Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes
Aussi ne fléchissez pas ; la faiblesse est interdite.
« On se fait couper la tête pour un mot de trop, jamais pour un mot de moins »
Cette phrase est de la mère d’une amie, et peut-être en réalité de Lénine. L’esprit qui s’y trouve rejoint celui de la phrase précédente, avec la précision qu’il convient de maitriser absolument toute sa communication. La bonne image est la clé du succès. Et mieux vaut parler sobrement et se taire pour laisser planer une aura de mystère. Et si vous voulez absolument dire de la merde, faites-le dans un blog.
« Elle consacrait chaque minute de son temps au travail ou au loisir »
Cette ligne correspond peu ou prou au commentaire qu'a fait Truman Capote de la vie foisonnante de la fille cadette de la famille Clutter, qui a été froidement assassinée par deux amerloques dégénérés (triple pléonasme).
En somme, les époux Clutter souhaitaient que leur marmot développe certaines aptitudes en nourrissant son esprit d'activités saines, comme la lecture, la danse ou des maraudes.
Assurément, avoir 15 minutes ou 2 heures devant soi vous permet de lire ou de réfléchir, autrement dit de vous plonger dans une réflexion profonde, au lieu de sempiternellement fuir l’effort à la faveur de distractions complètement fugaces et inutiles. Car le cerveau qui n’est pas formé à la forge est ce qu'une Lada est à l'automobile.
"Tout ce qui est précieux est aussi difficile que rare"
Je ne saurais dire si Spinoza parle ici en juif, en chrétien ou en stoïcien. Je laisse ces basses considérations herméneutiques aux étudiants en philosophie et aux intellectuels du petit Paris aux épaules étroites et aux lunettes à demi-lunes.
Là, on nous énonce qu'il faut bien se casser le cul pour obtenir de belles choses, et que ces choses ne sont certainement pas matérielles. Oui, l'Éthique est un formidable traité de métaphysique et la joie, étant pour Spinoza ce qui augmente la puissance de vie, s'acquiert au prix de la patience et du travail.
Typiquement, il s'agira de conquérir patiemment le coeur d'une très belle femme (si vous êtes un homme hétérosexuel, ce qui est fort dommage de ne pas être au demeurant..) ; ou d'atteindre un prestige ou à un honneur qui donne espoir et enthousiasme à votre prochain ; ou encore de ressentir et de vivre la foi pour avoir cette connexion profonde avec le "tout". Et Spinoza n'est-il pas inattaquable quand il écrit que :
"La cause première est la nature elle-même, en qui et par qui toutes ces choses limitées sont. Rien n’existe en dehors de Dieu, tout est en lui, il forme avec ses effets, ou modifications, un tout, le Tout"
Saint Paul résumait déjà très simplement cette pensée en clamant que nous formons un seul corps (1 Corinthiens 12). Et avoir conscience de cela, c'est atteindre un stade supérieur de conscience, si bien que peu de choses semble pouvoir nous heurter ou nous émouvoir. La contrepartie de cette quasi-clairvoyance est que la vie perd de sa spontanéité et de sa surprise, si bien que même la connerie humaine, qui a toujours ceci d'étonnant, devient banale. Mais est-ce un mal ?
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