Brève analyse de l’Épopée de Gilgamesh

Existait-il des civilisations plus avancées que la nôtre ? La question peut se poser après avoir refermé l’Epopée de Gilgamesh.

Première fable écrite de l’histoire humaine, l’Épopée est un chef-d’oeuvre hors du temps. 

Dans ce récit, aucun groupe de crypto-mabouls qui souhaite tout "cancel", exceptés Tik Tok et Kim Kardashian ; pas d'utilisateurs de casques anti-bruits qui font leurs joggings de nuit comme des girafes apeurées ; ni mérinos des faubourgs qui se ruent sur le papier toilette en cas de crise sanitaire ; ni bagarre générale quand il y a super réduc' sur le Nutella.

Non, l'Épopée de Gilgamesh a sorti l’homme de la préhistoire pour l’installer dans l’Antiquité. Et avec quelle sagesse ! Cette belle fable est l'éloge de la force et de l'humilité, tout en traitant de grandes questions existentielles ; vous savez, ces questionnements dont notre société se fout allègrement, se croyant "bien assez évoluée" : 

- pourquoi vivre ? 

- pourquoi des hommes ? 

- pourquoi des femmes ? 

- pourquoi la mort ?..

- ...et peut-on la mettre en échec ?

Nous voici dans des contrées autrement plus verdoyantes que celles du roman à la mode causant inceste ou tribulations amoureuses d'une adolescente de 30 ans qui est obsédée par un apollon cruel et dominateur.

Bref,  Gilgamesh. Une courte synthèse pour vous faire rêver :

C’est l’histoire d’un roi revendiquant 110kg de poids de corps : Gilgamesh, souverain d’Uruk, deux-tiers dieu et un tiers mortel (sans doute le fruit d'un date entre un dieu en rut et une bourgeoise désoeuvrée qui trainait sur le Tinder céleste). Mais voilà, Gilgamesh n’est pas bien sympathique à l’égard de son peuple, car cet hurluberlu viole les femmes et tabasse les hommes en pagaille. Donc las du règne de la force, les sujets d'Uruk invoqueront les dieux afin qu'ils donnent à Gilgamesh un rival. Fiat lux et Facta est lux, un Enkidu sauvage apparaitra dans les steppes. Même pris pour un simple berger, le mastodonte Enkidu ne passera pas inaperçu et sera séduit par Shamhat, la gourgandine du quartier. Alors pendant 7 nuits, ces grands gourmands s’adonneront au plaisir de la chair, et Enkidu en creusera en sa compagne un tunnel vers les Indes. Au terme de cette séquence tirée d’un Lars von Trier, le sauvage sera apprivoisé, et par conséquent fui par ses amies les bêtes, ayant reniflé l'ordure sédentaire. Puis à l’arrivée d'Enkidu à Uruk, Gilgamesh s'irritera qu’un autre lui fasse ombrage. Les deux colosses se battront, pendant des heures et des heures... Passé un certain temps, ils finiront par reconnaitre qu’aucun d’entre eux ne sortira vainqueur de ce combat. Donc Gilgamesh, grand seigneur, prendra acte de la force et de la bravoure d'Enkidu. Ainsi lui offrira-t-il son amitié, puis l’invitera à combattre Humbaba, le géant de la forêt des bois de cèdre (matière précieuse à l’époque mésopotamienne, presque autant que notre blé à l’heure actuelle). Humbaba défait, Ishtar, déesse préposée à l'amour et à la guerre, sera impressionnée par la performance des deux gaillards, et s'offrira en épousailles à Gilgamesh. Mais dans un élan héroïque, Gilgamesh la rejettera en lui lançant quelques traits forts salés et distillés avec une verve divine. L'incrédule connaissait que trop le passif de la dame. Cette bravoure déplaira toutefois aux dieux. Sera alors lâché sur le tandem un gros Taureau céleste. Cependant le bovin étoilé sera réduit à bref délai en churrasco. Encore vexés, les dieux voudront laver cet affront, et ordonneront la lente agonie d’Enkidu sans autre forme de procès. Après un rugissement d'une terrible douleur, Gilgamesh partira en quête de vaincre la mort, et prendra conseil auprès du seul immortel connu : l’élu des dieux, Uta-Napishtim, dit « le Lointain ». Dans la même veine que Noé, Uta-Napishtim sauva au printemps des temps toutes les espèces du Grand déluge. Et Gilgamesh le trouvera au terme d’une marche harassante jusqu'aux recoins de l'Orient. Relatant au sage son désarroi dans une case qui sent le pin frais et l’herbe humide, Uta-Napishtim défiera Gilgamesh de rester éveillé 6 jours et 7 nuits pour évaluer sa résistance à l’éternité. Et Gilgamesh échouera. Mais sous la persuasion de son épouse, Uta-Napishtim dira à Gilgamesh où s’emparer de la plante de jouvence, qu'il trouvera et se fera chiper par un serpent vif comme la guêpe et fourbe comme la poule. Revenant bredouille, Gilgamesh retournera vers Uta-Napishtim qui lui rétorquera sans broncher que toute sa quête est vaine. Plutôt que de chercher l'immortalité, il ferait mieux de vivre de bonne chair et de vin.

Brefs commentaires.


Commentaire n° 1 : 

Gilgamesh, un tiers mortel, deux-tiers divinité

Non, les parents de Gilgamesh ne se sont pas rencontrés sur un réseau asocial pour belles âmes timides. 

Lugalbanda, son père, était roi et sa mère, Ninsun, une déesse omnisciente. La figure maternelle est ainsi symbolisée par une divinité qui sait tout et voit tout. Et quel enfant impressionné par la clairvoyance de la mère n’a jamais eu cette sensation ? 

Sans cette matrice à l’origine du monde, point d’homme sur terre ; et sans la sagesse de la mère, l’enfant est perdu.

Gilgamesh incarne donc l’homme, lato sensu, témoin fictif de ce que toute vie et toute âme contient sa part de divin. 


Commentaire n° 2 :

Gilgamesh, bâtisseur héroïque des remparts d’Uruk et ignoble tyran

Personnage d’envergure, Gilgamesh est fils de roi, et cela donne du fascinant à ce personnage. Mais à son titre s’ajoute un mérite : celui d’avoir bâti les remparts d’Uruk, premières frontières connues à ce jour.

Même après avoir oeuvré pour la défense de son peuple, Gilgamesh s’ennuya fermement, et se consacra à l’exercice de son droit de cuissage et au combat de rue. Semble-t-il, la paix ne sied pas aux jeunes hommes. Boys always be boys.

Donc le pouvoir corrompt, et corrompt absolument - pour ne pas citer le Florentin. 

Ainsi Gilgamesh devait-il connaitre un contrepoids à sa puissance, lequel est incarné par Enkidu.


Commentaire n° 3:

Imprécations du peuple d’Uruk contre Gilgamesh

Agissez injustement et tous conspireront contre vous.  Cette séquence est une ode à la piété et à la justice. Unissez-vous dans la foi, et vous serez saufs. "Demandez, et l'on vous donnera; cherchez, et vous trouverez; frappez, et l'on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l'on ouvre à celui qui frappe.…" . L'Évangile de Saint-Mathieu n'invente rien (7:7). L’Antique avait déjà bien saisi que pour discipliner les masses, il n'est rien de tel qu'une conjonction de dogmes transcendants (autrement dit, une religion).

Cette séquence témoigne également du pouvoir fédérateur du ressentiment. Aussi, qui subit la tyrannie développe soudainement une appétence pour les sciences politiques et le droit constitutionnel. C'est ainsi que le peuple d’Uruk sût que par la disposition des choses, le pouvoir doit arrêter le pouvoir. Charles de Montesquieu n'avait que 5 200 ans de retard.


Commentaire n° 4:

Séduction de Shamaht et Enkidu apprivoisé

Cette séquence révèle une réalité sèche (à l’inverse de nos tourtereaux) : Shamaht incarne la courtisane perfide qui ne convoite que son intérêt. Cette parabole est alors une véritable mise en garde contre les amours faciles et trop passionnés, lesquels s'affaissent aussi vite qu'ils se sont érigés.

Mais peut-on considérer Shamaht comme la simple l’incarnation de la corruptibilité de l'esprit masculin ? Après ses ébats, Enkidu, déniaisé, se redressera et deviendra un être sociable. Il deviendra homme. Or, tant son instinct primaire que son esprit de chasseur, que son plaisir des choses simples disparaitront, car amolli par le goût sucré et velouté de la femme qui lui a enflammé les sens. 

Triste sort que d'être civilisé...


Commentaire n° 5 :

Sincère camaraderie entre Gilgamesh et Enkidu

Gilgamesh, le captif de ses pulsions, se languissait d'un peu de compétition. Quelques jabs à l'oeil, puis un coquard, suffiront à arracher à Gilgamesh un : « Merci de me rendre meilleur ». Nous ne grandissons qu'aux prix de la douleur et de l'adversité.

Stratège instinctif, Gilgamesh remarqua qu'un allié de taille lui permettrait d'atteindre les sommets. Seul, Gilgamesh n'est qu'une âme en peine, sans finalité, si ce n'est de s'abandonner à son bon plaisir. Mais avec un ami, le roi d'Uruk a retrouvé un horizon. 

Cette séquence est alors l'éloge de l'association. Et nul n'ignore que des associés bien assortis peuvent réaliser les plus grands ouvrages, ainsi de l’apostolat des Douze, du second Triumvirat, ou des fondateurs des GAFAM (et non, le fumier Elon Musk n’est pas de ceux-là).


Commentaire n° 6 :

Terrassement du géant Humbaba

On a toujours besoin de quelqu’un pour couvrir ses arrières (sans mauvais jeu de mots).

Après avoir trouvé Enkidu, Gilgamesh ne lui suggérera pas une tournée des bars, mais de pratiquer la bagarre. En choisissant Humbaba, le puissant gardien d’une denrée rare, Gilgamesh a symbolisé la quête perpétuelle de l’homme pour la ressource naturelle et son envie pressante d’abattre des géants.

La séquence nous enseigne donc qu'il y a un temps pour festoyer et un temps pour guerroyer, et que mieux vaut refuser la bagatelle pour répondre à l’appel de la gloire universelle.


Commentaire n° 7 :

La déesse Ishtar éconduite

« Comme tu es resplendissant, Gilgamesh, Fais-moi présent de ton amour, ne veux-tu point m’épouser ? Sois mon époux je veux être ta femme. Je t’offrirais un chariot chargé d’or et de lapis-lazulis. Tu y attelleras de grands chevaux. Ainsi rentreras-tu dans notre demeure embaumée de cèdre. Les rois, les princes et les nobles te rendront hommage. Ils t’apporteront des présents et les gens de la montagne et de la plaine t’apporteront tributs.

Tu seras comblé. »


« Si je t’épouse quel sera mon sort ? Lequel de tes amants as-tu gardé ? Tu es comme un portail qui ne protège ni du vent ni du froid. Tu n’es qu’un palais qui a déjà été pillé. Un piège dissimulant la traîtrise. Le bélier qui détruit un rempart pour aider l’ennemi. Tu es comme une demeure qui en écrase l’occupant. Je pourrais faire le décompte de tes amants successifs. Tu les as tous misérablement abandonnés. Souviens-toi de Dumuzi, qui était fou de toi et que tu as relégué aux enfers. Tu as aimé le berger qui sans cesse répandait pour toi l’encens et chaque jour t’offrait en sacrifice des chevreaux. Tu l’as frappé et tu l’as transformé en chacal. Et maintenant ses chiens lui donnent la chasse. Souviens-toi du jardinier de ton père qui ne te voulait point et que tu as transformé en corbeau, et tant d’autres… Quant à moi, dont tu te dis amoureuse, je connais trop bien le sort que tu me réserveras, lorsque tu ne voudras plus de moi. » 

(Gérard Chaliand, « La Légende de Gilgamesh. »)


Ishtar est la déesse de l’amour et de la guerre. Antinomique ? Ici réfute l’Antique. Ces notions sont même complémentaires.

La relation amoureuse présente son lot d'exaltation et de violence, et souvent, selon les moments, dans des quantités variables. Aussi la violence semble être l’incontournable contrepartie  de l'exaltation. Pourquoi ? Parce que l'amour est un rapport de force permanent.

Or, Gilgamesh réalise le rêve de tout homme qui tend à l'accomplissement et à l'indépendance ; il a vaincu son adversaire le plus féroce : son bas-ventre (aucune apologie de la vasectomie ici). 

Tel exploit n’aurait pu s’accomplir sans Enkidu qui offrit à Gilgamesh une amitié sincère et égalitaire. Assise sur une saine rivalité, cette relation permet à chacun de s'élever, sans subir crises d'orgueil et autres mouvements d'humeurs. 

Néanmoins, se refuser à une femme confiante et contente d'elle-même n'est jamais sans conséquence.

De surcroît, il vous en cuira  


Commentaire n° 8 :

Lâché du Taureau Céleste

"Le premier souffle du Taureau engendre un trou dans le sol qui engloutit 100 hommes, et le second, un deuxième trou dans lequel tombent 200 hommes"

Le Taureau céleste incarne à la fois la fureur féminine et la beauté convoitée qui peut mettre à sac des peuples entiers. Citons notamment la captivité d'Hélène qui donna lieu au saccage de Troie.

Et enorgueilli d’avoir sa botte sur l’énorme tête d'Humbaba, Gilgamesh voyait clair, et son égo n’avait pas besoin de flatteries serviles, surtout de la part de la figure absolue des méchantes.


Commentaire n° 9 :

Mort subite d'Enkidu

    « Pour Ishtar, la mort d’Enkidu, le compagnon bien aimé de Gilgamesh, était la vengeance la plus douce. Elle priverait Gilgamesh de l’être auquel il tenait le plus. Pour les dieux tel Anu qui règne au ciel, pour Enlil qui règne sur la terre, peut-être était-ce le choix qui s’imposait : celui qui doit mourir n’est pas le souverain d’Uruk. Celui qui doit mourir n’a ni père ni mère, » (Gérard Chaliand, « La Légende de Gilgamesh. », Tablette VII)

Des deux compères, Enkidu est le plus pur. Sa mort est ainsi une  extraordinaire injustice, puisqu’elle relève, à défaut d'un pur hasard, d'une logique pénale douteuse. Pourquoi condamner plus lourdement le complice que l’auteur ?

D’ailleurs le mal qui a pris Enkidu ressemble fort à un fléau à l'actualité encore criante : le cancer. Sa nouvelle frappe comme le tonnerre, sa marche est lente et douloureuse ; et si l'on tente de le combattre, ce n'est jamais sans être sûr de pouvoir en réchapper. On parlerait aussi de fatalité (rimant assurément avec vérité).

La fatalité est elle-même une véritable divinité dans le théâtre tragique grec que l'on qualifiait, à l’instar de l’Épopée de Gilgamesh, d'oeuvre antique. Ainsi Eschyle "l'Archaïque" illustrait dans son Agamemnon la notion de bonheur comme "une ombre" et un "tableau qu'un coup d'éponge humide efface".

Vérité éternelle.

Dont acte.

Si c’est cela être archaïque, si c’est s'attacher au vrai et au réel, alors l'on voudrait mieux être Eschyle que Vaudeville.


Commentaire n° 10

Rencontre avec Uta-Napishtim

Lapalissade ultime : toute chose a une fin. Le jour se lève et se couche ; une vie s'éveille et se meurt... Si bien que si toute existence était infinie, elle perdrait sa valeur. 

En témoigne, Uta-Napishtim, usé, fatigué, aigri, qui nous laisse deviner que l'immortalité est d'un ennui mortel. Immortel est certes un titre prestigieux, mais en réalité peu enviable. 

Relevons aussi qu'Uta-Napishtim entretient une existence isolée par-delà le monde et par-devers une épouse qui lui tient toujours tête. "Fuis, pauvre fou" semble dire le Sage à Gilgamesh. 


Commentaire n° 11

Échec de Gilgamesh à l'épreuve de l'éveil

Peut-on rester éveillé pendant 6 jours et 7 nuits ? Qui s’y risquerait sentirait au bout du 2ème jour de l'irritabilité, un manque de vigilance, une difficulté à s'orienter, à décider...

L'immortalité est donc un état d'éveil permanent, un jour sans fin, une vie sans rêve, ni repos. D'ailleurs, la vie sans la brièveté aurait-elle ce petit goût d'urgence qui donne au coeur ses palpitations ?


Commentaire n° 12 

Perte de la plante du jouvence

L'existence de cette plante de jouvence nous indique qu'Uta-Napishtim est en réalité mortel.  Le Sage a en effet recours à une officine achalandée dans les flots par les dieux.

Uta-Napishtim pourrait ainsi se passer de cette plante et se laisser mourir. Toutefois, il semble effrayé par l'idée du Grand saut, et préfère admirer l'oeuvre qu'il a laissée à ses contemporains. En définitive, et si Uta-Napishtim était le véritable maudit de l'histoire, damné pour sa vanité ?

Quoi qu'il en soit, un animal rampant et visqueux, incarnant l'absolue bassesse, subtilisera la plante et deviendra sans doute un flamboyant python millénaire. La mystique de la Genèse était toute trouvée.


Conclusion 

Le larcin de la plante par le serpent symbolise assurément l’absurdité de la quête de l’immortalité ; et peut-être même la vanité de la vieEn effet, l'épopée de Gilgamesh est plus un traité de philosophie qu'un récit linéaire avec protagonistes et antagonistes, héros vertueux, apprentissage, montée en puissance, rebondissement, doutes, puis victoire contre le méchant. 

Si Gilgamesh commet des actes courageux, le personnage ne porte en soi aucune valeur de dignité, de modération ou de conscience. Donc l'Épopée n'est pas une version primitive d'un de nos films de super-héros ; le bien ne triomphe pas du mal, c'est la fatalité qui triomphe de l'homme. Et Gilgamesh se laisse porter par ses instincts, ce qui le mène vers des évènements aléatoires, dans le sens où il n'a aucune prise sur son destin, et ne fait que perdre. 

Néanmoins, la vie est-elle autre chose qu'une succession de pertes ?



Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Juan Branco, praticien du chaos

De l'impossibilité de s'approprier la pensée de Nietzsche : le cas Julien Rochedy

Exorciser le CRFPA, examen du démon - Le guide ultime des révisions

Elon Musk, contempteur du progrès, imposteur et énorme fumier

Derrière chaque moraliste, un grand coupable

Le protagoniste d’Orange mécanique, cette vermine qui vous fascine

Mad Men, le grand théâtre de la vie

Quel délit de presse êtes-vous ?

L'école des avocats : le premier cercle de l'Enfer de Dante

Peut-on se lasser de l’été ?