Le cirque du soleil aux assises

Tout de même... Sa soeur est vraiment belle. Elle est assise depuis trois jours à la même place, et elle est belle à en crever. C'est une Zendaya en plus sympa, une oeuvre d'art à la teinte marronnée ; mais dont la superbe s'étiolera au troisième jour, car nul ne sort indemne de ce type d'évènements.

Lui, il se tient assis et s'offusque quand on lui fait des reproches. Quand on l'interroge, son verbe haut trahit un quotidien intellectuel à peine plus élevé que celui d'un Golden Retriever. 

En ces heures de gloire, il était le beau métisse qui faisait rêver les lycéennes de sa banlieue. Et pour deux pulsions démoniaques, il restera à jamais le plus laid des hommes.

Sonne l'heure du verdict. Le jury a pris son temps, ce qui est souvent bon signe.

Le président lit les réponses qui ont été posées aux 12 jurés : 

- Question n° 1 : A-t-il violé en imposant une fellation sous la contrainte à Mlle Y en date du XX/XX/XXXX. Réponse : oui, à la majorité de plus de 7 voix contre 12

- Question n° 2 : A-t-il violé en imposant une fellation sous la contrainte à Mlle Z en date du XX/XX/XXXX. Réponse : oui, à la majorité de plus de 7 voix contre 12

- Question n° 3 : A-t-il tenté d'agresser sexuellement Mlle Z en date du XX/XX/XXXX. Réponse : oui, à la majorité de plus de 7 voix contre 12

Les deux prochaines questions sont du même acabit. Puis vient la dernière question. 

Et concernant cette question, l'avocat de l'accusé s'est fendu d'un petit laïus pour lui obtenir la peine la plus juste, en lui évitant qu'il soit jugé comme "un majeur". Autrement dit, l'accusé est censé subir la moitié de la peine qu'encourt un majeur dans la même situation (15 années pour un majeur, 7 pour un mineur, en l'espèce). Et les mots de cet avocat ont offusqué l'avocat général, potentat de l'accusation, ainsi que les parties civiles (les victimes), et sûrement quelques jurés. Les gardes policiers semblent, étrangement (ou non), avoir compris que les faits ont surtout trait à la bêtise adolescente (tautologie). Car toute la question était de savoir si ce jeune homme, jadis magnifique, aujourd'hui négligé, mérite une particulière sévérité. Après des cris, des larmes et des effets (manqués) des avocats de victimes, après le mépris affiché des magistrats, qui tentaient manifestement de tenir psychologiquement le jury, que resterait-il à l'accusé après ce procès grotesque ?

N'était-il pas un enfant au moment des faits, au moins au plan juridique ? Ne doit-il pas être protégé et éduqué, comme en dispose la loi ? Aussi, pour défendre un tel humain, contre qui une victime ne voulut qu'il ne sorte jamais de prison (ce qui s'entend), et pour les experts-psychiatres qui ont, tout aussi, montré du mépris, convenait-il de procéder avec méthode, sans esbroufe, ni coup de sang, et en se rattachant à la loi. 

Beaucoup de cadavres évités par des colères maitrisées...

Certes, les faits sont graves, mais il n'y a pas lieu de dramatiser davantage. Comme disait Vergès, la gravité d’un crime se mesure à la quantité de sang qui a coulé. Et les faits sont reconnus par l'accusé, accordons-lui au moins cela.

Alors quand vient la dernière question, en substance : "Doit-on écarter l'excuse de minorité de l'article L. 121-5 du code de justice pénale des mineurs ?", il est permis de vous dire qu'à ce moment, l'avocat est en hypoxie. Avant la réponse à cette question, sa vie défile devant ses yeux en se trouvant tétanisé comme devant Méduse. 

Puis, réponse : non.

Persée a encore gagné.

L'accusé ne sera pas jugé comme un majeur.

Le soulagement de l'avocat doit être tout sauf visible. Presque 20 regards sont braqués sur lui, dont 15 au moins lui sont hostiles.

Ainsi était cette petite victoire qui fera gagner huit grosses années à un garçon à qui l'on épargne un sentiment d'injustice. 

Et c'est à peu près tout ce qui lui restera, cet honneur-ci ; ça et une grande soeur tout à fait sublime...





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