Une Affaire de principe ; ou José Bové contre le cartel narco-technocratico nazi
Vous avez tous vu au cinéma "une Affaire de principe", réalisé par Antoine Raimbault.
Sorti en l'an de disgrâce de 2024, ce récit narre le combat de José Bové au Parlement européen contre les lobbies du tabac.
La structure du scénario est assez simple, pour ne pas dire linéaire :
Présentation des personnages >Présentation du contexte >
Péripétie n° 1 : mise en cause et démission d’un député européen >
Contre-enquête : José Bové part à Malte, véritable nid à corrompus ; sa petite stagiaire épluche des rapports à Bruxelles >
Révélation : la mise en cause était, en fait, injustifiée
Péripétie n° 2 : confrontation avec le chef des conjurés, l’ordure José Manuel Barroso Révélation n° 2 : les lobbies du tabac sont partout >
Coup de grâce : publicité des révélations (c’est la stagiaire qui a fait les photocopies)
Fin heureuse : vote et adoption du « paquet neutre » ; l’industrie du tabac finit en slip et les lobbies au chômage.
Chiant, non ?
Voici quelques pistes d’amélioration :
ACTE I - SUSPICIONS ET FAUX SEMBLANTS
José Bové est en planque au Parlement avec son ancien co-légionnaire Frédéric, ou « Freddy la Fracasse », désormais reconverti dans la cyber-sécurité.
José vient de recruter en stage Chloé, en première année à Sciences-Po, pour rendre service à Marianne, la mère de la gamine, avec qui José a eu une aventure, brève et intense, lors d’une mission d’infiltration d’un réseau de producteurs d’opium en Indonésie, en détachement pour la DGSE.
À la cantine éminemment copieuse du Parlement, Chloé surprend une discussion entre deux parlementaires, l’un Belge et l’autre Allemand qui, parlant anglais, se glorifiaient que « l’organe » avait fait évincer « un collègue encombrant », le jusqu’alors très discret John Dalli.
Alors Chloé en parle à José, qui répond : « Jamais John n’aurait versé dans le conflit d’intérêts ; on a voté pour le SMIC européen ensemble… ».
José part alors à Malte, lieu de villégiature de Dalli. En allant à sa rencontre, José a l’impression d’être suivi.
Il rencontre son collègue dans sa maison victorienne de Cospicua, entourée d’icônes de la Vierge trônant sur des pylônes de marbre pur.
Dalli est dans son salon sombre et poussiéreux, totalement défroqué, mais vêtu d’une longue chemise blanche qui cache son caleçon, et qui s'arrête juste en haut de ses bas de contention.
De chaque côté de la pièce se trouvent deux hommes armés en costume noir.
« John est sous la garde des lobbies » pense José, qui prend congé en faisant mine de renoncer à l’enquête pour protéger les siens.
ACTE II - UNE CIBLE À ABATTRE
Sur la route de l’aéroport, au volant de sa Polo IV de location, José est pris en chasse par trois berlines Lincoln. Alors, il accélère jusqu’à atteindre les 200 km/h.
Son véhicule, désormais tremblant, ne fait pas le poids et José est rattrapé.
À sa gauche, une voiture arrive à sa hauteur, laissant voir le passager aux lunettes noires qui saisit une arme de sa veste.
Alors José braque brutalement à gauche, et heurte la berline qui perd le contrôle et s’encastre dans un panneau publicitaire « Keep cool and have a vape ».
José tient tant bien que mal le contrôle de son véhicule et conserve une allure de fuite, mais des coups de feu retentissent et des impacts de balles heurtent le coffre et brisent la vitre arrière.
José cherche une arme dans la boîte à gant, redresse son regard et distingue au loin un poste de sécurité.
Il décide alors de s’y encastrer. Ainsi, tourne-t-il le volant vers la droite et appuie-t-il sur le frein à deux pieds, faisant crisser les pneus durs sur l’asphalte brûlant pour finir d'enfoncer l'entrée du poste de garde aux briques minces.
Ses deux poursuivants sont surpris. José sait qu'il a dix secondes pour sortir par la portière droite et trouver un objet contendant pour se défendre.
José examine rapidement le poste du regard, et n'y décèle âme qui y vive. Mais il y trouve une fourchette et une agrafeuse qu’il saisit avant de se cacher dos contre le mur qui jouxte l’entrée.
Fort imprudemment, les hommes costumés, et armés, enfoncent la porte déjà endommagée ; et d’un coup, José se découvre, puis lance l’agrafeuse sur la cloison nasale de l’homme le plus éloigné, qui lâche son arme, puis tombe au sol en se tenant le nez.
D’un mouvement précis et vif, José plonge sa fourchette dans le cou de l’autre, lui saisit le bras armé avec une prise de combat, oriente le bras de son adversaire vers le haut, et lui place un coup de coude ample et puissant au plexus ; son souffle est coupé, et José le projette par-dessus son épaule pour le faire tomber sur le dos.
Le choc est violent et la tête heurte le sol. L'homme en noir est KO.
José, rapidement, saisit un Glock 17 9mm avec un tissu, qu’il identifie comme étant possiblement d’un service judiciaire.
« Ces hommes sont outillés par un service de renseignement » estime José.
Avec ces heurts, le Député a manqué son vol de ligne ; mais il finit par gagner l’aéroport par des voies détournées, et se place devant le terminal pour acheter en ligne des billets pour Bruxelles, auprès de la compagnie Ryanair, pour se rappeler le temps où il était parachuté pour le « maintien de la paix » au Kosovo.
ACTE III - DES RÉVÉLATIONS EMBARRASSANTES
De retour à Bruxelles, José demande à consulter le rapport de l’OLAF pour voir qui a pu diligenter l’enquête contre Dalli et surtout, qui l’a menée.
La consultation lui a été permise dans la salle du 20ème étage, et sous la garde d’une fonctionnaire allemande au teint gris, à l’allure pénible et aux manières faussement avenantes. Il n’a que 15 minutes.
S’emparant du rapport, le Français lit les premières pages en diagonale et les conclusions, et deux noms lui frappent le regard : Salvatore Bellini, l'individu qui a mené l'enquête pour l'OLAF ; et José Manuel Barroso, qui l'a commandée.
Le rapport indique qu'il est reproché à Dalli deux rendez-vous avec deux lobbyistes, sans qu'aucune enveloppe, ni aucun cadeau, ni aucune faveur n'ait bénéficié au mis en cause.
Ainsi vu, José place le rapport dans un sac aimanté qu’il dissimulait sous sa veste de chasse, puis ouvre la fenêtre et jette le document par la fenêtre du 20ème étage.
Un drone militaire l’intercepte au vol, et la fonctionnaire, médusée, se met à courir en direction de l’escalier tout en alertant la sécurité dans son micro-manchette.
Une forte sirène à incendie retentit avec un son grave et circulaire, comme si le Parlement voyait arriver le chariot d’Ezékiel.
José, frissonnant de peur mais galvanisé, se précipite vers la porte de la salle, manquant presque d’être enfermé.
Il court dans le couloir, et des coups de feu sont tirés depuis l’extérieur du bâtiment. Qu'est-ce qui pourrait faire autant de bruits dans les airs à 70 mètres de hauteur ? Une grande fissure se forme sur la vitre bureaucratique d'un bureau déserté. D’autres rafales vives et aigües se font entendre.
José court dans une allée séparant les espaces de travail, puis il se retourne et aperçoit un drone de combat le pourchasser.
« Pourvu que Fredo ait encore le rapport », songe le Député à bout de souffle.
Au pas de course, il aperçoit une porte avec l'inscription "nooduitgang / sortie de secours", et se dirige à gauche.
Trois détonations provoquent des trous sur la porte de sortie, et Bové renonce à l'emprunter, puis se déporte avec vivacité sur la droite, avant de faire une halte face à deux immenses portes battantes, comme celles d'une salle de cinéma.
Ralentissant sa course, il se retrouve dans un amphithéâtre du Parlement, où semblent l'attendre deux hommes armés, et... José Manuel Barroso. Le Portugais tient un badge de sa main gauche.
Tous trois sont de noir vêtus.
José Bové se fige. Il étudie la situation : d'une part, il est braqué de chaque côté de Glock par deux hommes ; d'autre part, la sortie la plus proche est à 20 mètres, mais elle est sûrement condamnée; et une vilaine contracture se manifeste à la cuisse de José.
Barroso, voyant le Français hyper-concentré, force un grand rire puis s'exclame :"Tu as bien remué la merde, mon petit José ! Vu ton prénom, je vais épargner ta famille. Mais sache qu'on tient la petite Chloé et qu'elle n'est pas loin de finir dans un conteneur pour Bratislava. Son nouveau job étudiant sera de tenir compagnie à de vieux amis ! Hahaha !"
José rétorque :
- "Sale bouffeur de churrascos, comment donneras-tu des ordres avec ma chevalière enfoncée dans ton gosier ?".
-"Non, non, non... Ne sois pas raciste, José. Il faut respecter toutes les différences et inclure tout le monde... Même le gros Dalli, lui, qui finira pendu dans sa penderie demain matin. C'est dur d'être un corrompu... Tant de conflits intérieurs !"
- "John est hors de cause et le rapport est déjà dans la presse !" bluffe José. Je laverai son honneur. J’en fais une affaire de principe ».
- "Assez parlé, Froschfresser - promis, je te dédierai la prochaine motion sur..."
- "Comment tu m'as appelé, enfoiré ?"
José Bové assène avec le talon un frappé génital à l'homme sur sa droite ; et d'un éclair, il frappe à la gorge avec les doigts serrés celui à sa gauche.
Voyant cela, Barroso appuie sur son badge.
Une épaisse fumée noircit brusquement la salle. Barroso place un bouchon d'oxygène dans sa bouche et s'enfuit vers la sortie qui était finalement ouverte.
José saisit les deux Glock et court à la poursuite de Barroso, mais la brume lui provoque une toux très sèche, et il fait précipitamment demi-tour, quand Fred apparaît à lui avec du sang sur la chemise.
José le braque avec son arme, puis Fred tend les bras en avant, ouvre ses mains en grand et crie : "JOSÉ, STOP, C'EST MOI !"
À la vue des hommes costumés se tortillant de douleur, Fred s'exclame, entre deux souffles : "Merde, toujours en forme pour un social-démocrate. Aller, go ! Les gardes sont hostiles. Il faut..."
Des tirs de fusils automatiques retentissent dans un fracas orageux.
José et Fred prennent alors une grande inspiration pour s'engouffrer au pas de course dans le couloir enfumé, sachant qu'à 50 mètres se trouve un escalier leur permettant de rejoindre leur bureau, deux étages plus haut.
Fred enfonce la porte ouverte et ouvre une grande malle dans une armoire à dossiers avec une reconnaissance digitale.
José, quant à lui, passe péniblement le seuil du bureau, en se tenant la cuisse gauche.
Fred saisit deux Famas et les charge. Il fait de même avec deux Uzis et deux autres pistolets Sig Sauer.
"Ces flingues me rappellent mon ex qui bossait à la Brigade des mineurs", pense-t-il, entre deux pulsions effrénées d'un cœur tambourinant. Et tel un véritable animal forestier, l'ancien militaire hurle : "JOSÉ ! C'EST LA GUERRE !"
José saisit à son tour ces armes, avec calme et détermination, et répond : "Effectivement... le meurtre n'est plus une option, mais une nécessité."
L'ombre d'un homme casqué d'une visière teintée se dessine sur la porte blanche du bureau parlementaire ; une porte bien trop éclairée par un néon agressif. Avant que l'assaillant ne passe le bureau, Fred l'abat en pleine tête d'un coup de rafale provoqué par un mouvement sec et précis.
Le soldat, apparement seul et lourdement armé, s'écroule.
José s'avance vers le corps sans vie et demande à Fred :
-"Tu reconnais cette tenue de combat ?"
- "Non, mais c'est moderne. Aller go, on avance !"
Fred aperçoit soudain, au bout du couloir, un commando qui pointe ses fusils automatiques dans leur direction.
- "Putain... Merde, ils sont nombreux !"
Les deux Français prennent alors la tangente et tentent de regagner un autre escalier, artillerie en mains.
À peine descendent-ils d'un étage qu'ils entendent les claquements des bottes d'un autre commando. Le tandem esseulé revient à reculons vers le bureau, puis tombe sur trois soldats de dos qui se dirigent prudemment vers l'homme sans vie.
Fred s'écrie : "EH !"
Les hommes en arme se retournent, et les Français ouvrent le feu, semant une trentaine de douilles en laiton doré.
Le commando est à terre.
Mais trois hommes casqués surgissent du plafond, à travers le contreplaqué en plâtre. José tire alors dans la visière de l'un d'eux ; et Fred atteint le plastron de l'autre.
Le dernier belligérant encore debout saisit José par le cou, et une lutte s'opère. Fred n'ose pas tirer, mais José se dégage de l'étreinte de l'assaillant en écartant la prise qui le tient avec des mains fermes. José parvient alors à donner un coup de tête sur la visière du soldat, et la visière se brise et blesse le soldat à l'œil ; puis, chancelant, celui-ci se fait étrangler par le député qui lui demande d'emblée :"Pour qui tu bosses ? Qui t'envoie ?"
Dans l'empoignade, José fait tomber son arme, et l'homme du commando l'attrape, et se tire une balle dans la tempe.
José relâche le corps assourdi et stupéfait.
Son téléphone sonne.
Un numéro inconnu.
José décroche et entend :
- "Où est Chloé, José ?".
- "Marianne, c'est toi ?" répond-il.
- "Un agent de liaison, reprend Marianne, vient de voir le rapport. On a Bellini et il va parler. En attendant, BARREZ-VOUS d'ici. J'arrive sur le terrain avant que l'État-Major ne me dessaisisse de la mission à cause de l'enlèvement..."
La femme raccroche.
José demande à Fred : "Tu as impliqué l'État-Major ?"
Fred répond : "Joe, je crois que c'est pas qu'une petite histoire de lobby là, c'est un truc bien plus gros."
Un hélicoptère militaire se fait entendre au loin.
L'engin se rapproche de la gigantesque baie vitrée qui fait face à José et à Fred.
ACTE IV - PIÉGÉS
L'engin pointe ses deux énormes mitrailleuses vers eux. "À COUVERT !" crie José, mais l'appareil vire subitement à droite, pique vers le bas et tire un missile à courte portée qui pourrait transpercer la cuirasse du diable.
Les Français se dirigent vers l'ascenseur, et ils entendent le bourdonnement mécanique de deux drones-tueurs, les mêmes qui ont harcelé José.
Alors, le duo, sans se dire un mot, se résout à descendre en rappel depuis le 18ème étage, grâce à de vieux échafaudages qui se trouvent un étage plus bas. D'un bond, Fred et José se retrouvent deux mètres plus bas sur une étroite plateforme branlante.
Au sol, une véritable zone de guerre éclate. Des chars d'assaut ciblent l'hélicoptère, et deux Rafales mitraillent des blindés noirs aux courbes futuristes. Faiblement, la sirène militaire de la ville de Bruxelles braille au loin.
José et Fred, quant à eux, déroulent du câble, cinq minutes durant, manoeuvrant les manivelles d'un matériel désuet afin de regagner le sol.
ACTE V - LA CONJURATION
Une fois en bas, une Peugeot DS Diplomates, revêtue d'un blindage pare-balles, vient les rapatrier. "Wow, mais c'est quoi, on est où ? À Peshawar ou en Indochine ?" s'écrie Fred.
José interpelle le chauffeur :
- "Marianne, désactive donc cette glace sans teint, ce n'est pas un James Bond là et tu n'es pas Eva Green."
- "Et toi, vieux con, tu n'es pas Daniel Craig. On assiste juste à la fin d'une ère. Bellini est dans le coffre. On a quelques questions à lui poser, dans le respect des conventions internationales."
- "Ok, dit José. Toi et ta foutue intuition féminine… Amenons cet enfoiré au QG."
L'équipe fait alors une halte à la frontière de Molenbeek et s'établit dans la cave d'une triperie, avec Bellini dans une énorme valise militaire.
À travers les carreaux ouverts de la cave, le bruit des combats se fait entendre au loin.
On installe Bellini sur une chaise, les mains jointes dans son dos par du Chatterton.
Son menton levé, le regard fixé sur José, qui se baisse à sa hauteur, les yeux au même niveau, lui dit d'une voix calme et intimidante : "Tu vois la dame là-bas ? Tu risques de l'énerver si tu ne réponds pas aux questions. En Opex, elle a su émasculer et égorger deux talibans qui l'ont agressée pendant qu'elle était en permission. Elle n'était armée que de son long, son très long couteau dentelé, qui ne la quitte jamais et qu'elle a... (José se retourne avec un silence pour lancer un regard vers Marianne) ...toujours à la hanche. Autant te prévenir : elle sait s'en servir."
Bellini prend une longue inspiration. Il fixe José droit dans les yeux, de ses yeux exorbités et répond déconfit : "Les enjeux te dépassent totalement."
Marianne se précipite alors vers Bellini, et lui plante le couteau dans la cuisse gauche.
L'Italien hurle de douleur.
Marianne s'adresse ensuite à lui en saisissant sa mâchoire : "Ne nous fais pas perdre de temps. Dis-nous où est ma fille..."
José coupe : "Si tu ne parles pas, ton espérance de vie est réduite à 10 minutes."
Bellini, affaibli mais déterminé, répond : "Ouais. Moi, je suis cardiaque et je ne contrôle pas mon rythme...."
« Quel rapport, bordel ? s'agace Marianne. L'enfoiré ne parlera pas ».
A lors José, excédé et enragé, balance un puissant crochet du droit à la mâchoire de Bellini, puis un autre à gauche.
Le sang coule de la bouche de l'Italien, qui esquisse un sourire pervers en regardant Marianne.
Fred s'avance alors vers Bellini, fouille dans la poche de l'homme attaché et trouve un passeport américain.
Il examine la doublure de la veste et en sort une vieille feuille arrachée d'un petit bloc-notes, pliée en deux, avec écrit au stylo à plume : "Alla gloria del Grande Impero 12 giugno."
- "Qu'est-ce que ça veut dire ?", s'interroge Fred.
José, examinant le papier, lui répond :
- "Ça ressemble au slogan de la Loge P2. Puis '12 juin'... Ça ne me dit rien."
Marianne, fixant son cellulaire Thalès, qu'elle tient de ses deux mains, tant elles sont tremblantes, lance d'une voix nerveuse :
- "Le 12 juin, la mort de Mandela ? L'élection d'Éltsine ? La mort du fumier Berlusconi ?"
- "Attends, dit José. Et si Silvio avait été assassiné par ses petits copains franc-maçons ? Il a été membre de Propaganda Due, non ? Il allait révéler quelque chose ou bien... ?"
Fred coupe et dit :
- "Pourquoi cette crapule a un passeport américain ? Pourquoi son deuxième nom est Hermann ?"
Bellini se met à rire
- "Ahahaha... je suis déjà mort et vous aussi... La civilisation renaîtra là où la loi est née et où la justice est morte."
- "Quoi ?" dit José.
- "Dalli," poursuit Bellini en regardant Bové droit dans les yeux, n'était qu'un pion, un fouille-merde, tout comme toi. Une espèce de fouine d'une loge concurrente. L'assassinat de Berlusconi a éveillé les soupçons alors cette fois, on a voulu tuer Dalli par la réputation."
- "Bon écoute, lance José, je n'aime pas trop le ton que tu prends. Soit, tu nous révèles ce que Berlus' savait, soit on ripaille ce soir avec tes tripes sans anesthésie locale."
- "LA LOI ! crie Bellini, comme atteint de démence. LA JUSTICE, LA MORT ET LA VIE ! AAARGH !"
Le menton de Bellini tombe brusquement sur sa poitrine, sans qu'aucune respiration ne s'y échappe désormais.
- "Crise cardiaque," dit Fred.
Pensive, Marianne clame :
- "Nuremberg."
- "Quoi ?" disent José et Fred en chœur
- "Là où la loi est née et où la justice est morte. Réfléchissez, c'est la ville de naissance du putain d'État nazi, et celle où on a jugé ses connards de dignitaires. Chloé est sûrement retenue là-bas, dans ce foutu putain de bunker de nazis à la con."
Marianne appelle son État-Major, encore ignorant de la situation de Chloé.
Une voix masculine sur haut-parleur répond : - "Commandant, prêt à servir."
- "Capitaine," adresse Marianne, quand vous aurez fini de dé-nazifier le Parlement et tout Bruxelles, envoyez un Atlas escorté par deux Mirage au 'Very bad tripes'. On part en Allemagne."
ACTE V - UNE GUERRE SANGLANTE CONTRE LA TYRANNIE DU MAL
Dans un zinc ultra-moderne de l'aviation française, José fixe des yeux Marianne, sous la lumière rouge de la cabine.
Marianne, le teint rougi, interpelle José :
- "Au fait, je ne m’appelle pas Marianne Merlateau, comme j'ai pu te le dire à Ubud. Je m'appelle France, France d'Orléans et..."
Une voix étouffée et chantante annonce dans les micro-casques : « Artung, Artung ! Ici Air Guerre Éclair, je suis Pierrot, votre Commandant de bord. Arrivée imminente au point de chute. Parachutage dans 10 secondes. N'oubliez pas vos passeports ! ».
Le bataillon est parachuté au-dessus du Reichsparteitagsgelände.
En chute libre, les français se rejoignent s’attrapent les bras au vol pour former une étoile.
Se rapprochant du sol, ils aperçoivent des centaines de chars français de titane et d'airain encercler le bunker hitlérien, véritable parodie de panthéon romain à la mode cubique et minimaliste.
Une dizaine d’avions supersoniques de l'armée de l'Air percent les cieux et leurs réacteurs hennissent comme pour avertir les persécuteurs et les démoniaques. Trois cents soldats d'élite, aux écussons bleu-blanc-rouge, encerclent le bunker. Leurs pas glorieux font trembler le triste sol allemand, et leurs canons brillent sous les nuages teutons. L'Armée française est prête à embrasser son destin. Puis dans un cri de ralliement, la marche s’arrête dans la plus pure expression de sa force et de son unité.
Un tir de mortier tonne du toit de l'édifice nazi.
Les boucliers français de kevlar et d'acier se lèvent, encaissent la charge, puis s’abaissent dans une clameur guerrière et assurée.
Quant à José, France et Frédéric, ils se posent sereinement sur le toit de l'édifice du mal, et lancent immédiatement des grenades en direction des tourelles meurtrières. Puis, sur ce toit, six soldats en noir surgissent de deux portes dérobées, presque invisibles. Et dans un réflexe résolument tactique, les trois Français se baissent et prennent chacune leurs cibles : six rafales dans des corps hostiles suffisent à les neutraliser. Fred et France sécurisent les portes, quand José se précipite vers une mitrailleuse Browning, de type OTAN, et la décroche de son poste pour la saisir à pleins bras.
Galvanisé par un sentiment d'extrême puissance, sa contracture à la cuisse ne se fait plus sentir. José avance, assuré de ses forces. Ses coéquipiers se précipitent de suite derrière lui, et se dirigent aux étages inférieurs pour pacifier la zone.
Des appels aux regroupements aux accents américains et allemands résonnent dans les couloirs. Toutes les portes sont ouvertes. Et les français gratifient leurs opposants de tirs précis et dévastateurs qui déchirent les chairs. France, quant à elle, demeure en appui, canon de Famas pointé vers l'avant, pour supprimer une à une chaque menace à la liberté et à la dignité humaine. Le Caporal Frédéric, lui, assure les arrières.
C'est sous cette discipline que tous trois arrivent à la porte très blindée d'une salle sécurisée.
Prudence, pensent-ils. L'ouverture, toutefois, ne semble sécurisée que par un seul pavé numérique.
Fred examine le pavé, et assure autres : « laissez-moi ça, j’ai cracké des systèmes bien pires ». Mais France sort un Glock d'un étui situé à sa taille ; et enjoint les hommes à s'écarter. Et "PAN !" Une balle se loge sur le digicode, et la porte s'ouvre dans un coulissement latéral, lent et théâtral.
Les Français se mettent en garde, et en voyant l'intérieur de la salle, José s'écrie : "Barroso ! Non !"
Une arme pointée à sa tempe, le Président de la Commission crie : "Heil !" et se tue.
Il tombe alors aux pieds de Chloé, à genoux, ballonnée, terrorisée et en pleurs, dans la petite salle vide et sombre.
France se précipite vers Chloé, laquelle se lève subitement, et court se réfugier dans un coin de la salle, comme une bête apeurée et effrayée par sa propre mère. Dans son coin, Chloé secoue la tête de gauche à droite, comme pour dire : "Non, non, non".
France la rattrape, avec des images à l'esprit de choses horribles qu'on aurait pu faire subir à sa fille.
Chloé tente encore de fuir, mais sa mère déploie toutes ses forces pour la soulever et entraver sa course.
France parvient à enlever de la bouche de Chloé le bâillon, qu’elle sent qu’il est humecté d'une matière visqueuse et urticante. Chloé hurle alors à la mort, et France s'écroule lentement, en tentant de retenir sa chute. "MARIANNE !" crie José.
ACTE VI - À L'AUBE D'UNE ÈRE NOUVELLE
La femme au sol répond péniblement, les yeux mi-clos : « Je ne m'appelle pas... Marianne. Et Chloé est ta fille » dit-elle dans un râle.
Pendant un instant, et dans sa fureur, José envisage de mitrailler le cadavre de Barroso.
Fred le retient et lui intime de laisser la cavalerie nettoyer les lieux et de leur confier France avant que les « amerloques ne débarquent ».
De retour à la surface, José gorge nerveusement ses poumons de l'air bavarois.
Il retient ses sanglots.
Après une heure à faire les cent pas entre deux chars légers du fleuron de l’industrie française, José est interpellé par un gradé, orné de médailles de la bravoure et du mérite.
Voyant Bové bouleversé, le gradé se résout à tordre le secret défense, en lui révélant que l'exploitation des données de Barroso indique que celui-ci était vendu aux lobbies du tabac, aujourd'hui tenus par les partis nazis européens.
- « Quelle surprise… » feint de s’étonner Bové, dépité.
Le militaire distingué lui révèle encore que Bellini était un franc-maçon, issu d'une famille qui a historiquement soutenu le parti fasciste italien, puis le nazisme.
Hermann Bellini possédait des informations précieuses qu'il a vendues à la CIA, en échange de sa protection. C'est ce que Berlusconi a souhaité révéler : l'incursion du fascisme et du nazisme dans l'église laïque.
- « Le lien entre ces courants est qu'ils ont toujours prôné la désacralisation et l'égotisme », raisonne José Bové, abattu.
- « Nous ne sommes plus à l'heure de la philosophie," rétorque le gradé, avec courtoisie et lyrisme.
Nous sommes à l'heure de la guerre contre des États-Unis, complètement vendus aux nazis. Il ne s'agit pas d'une adhésion idéologique. Les Américains veulent déstabiliser l'Union européenne, juridiquement et politiquement ; et ils cherchent à déclencher une guerre continentale au plan géopolitique. Notre prospérité et notre développement économique les empêchent de dormir, surtout après que les gouvernants « démocrates » aient ruiné leurs finances publiques. 'Taxer, dépenser' n'est plus une politique viable, et vivre du déficit ne suscite pas la confiance des marchés. Ils veulent nous piller, José. Et la France sera leur porte d'entrée. Donc, nous devons nous battre ! sur les mers et dans les cieux. Nous devons réarmer massivement nos côtes, réindustrialiser nos défenses terriennes, aériennes et civiles. Chaque concitoyen, chaque chef de famille recevra de l'État une arme et du kevlar..."
- « Vous parlez comme si vous étiez au pouvoir », interrompt José.
- « Vous ne comprenez pas, Caporal-Chef. Le pouvoir exécutif tombera demain. La régence de la petite technocratie européiste est terminée. On prendra le pouvoir en trois heures. Les gendarmes et les fonctionnaires du ministère de l'Intérieur sont à nous. On arrête ici les faux-semblants, et les fausses politiques sociales, et les fausses controverses. On a trop, beaucoup trop laissé faire. Notre faiblesse a été un terreau fertile pour le nazisme. Le suicide d'Hitler n'a fait que suspendre le nazisme, mais il a toujours subsisté, inextricablement, dans des petits groupements qui se voulaient 'rassembler les élites'. Qui aurait cru que le petit Portugais Barroso projetterait d'être le Chancelier du IVème Reich ? Quelle défaite pour les peuples de ne pas avoir pris leurs destins en mains !"
- « Et c'est vous qui vous en chargerez, des destins ? » interroge José. Qu’est-ce qui nous garantit que l'État-Major ne sera pas une énième assemblée tyrannique ? ».
Le gradé répond d'emblée :
- « Député Bové, vous êtes demeuré trop longtemps en politique et votre âme s'est asséchée. Au fond, notre doctrine est celle des Évangiles, des Actes, des Épitres... Bref, du Nouveau Testament ».
- « Bof… Je n’ai pas d’amis imaginaire. », rétorque José.
- « Vous devriez revoir votre spiritualité » rétorque le gradé. Mais on ne vous imposera rien. La Grâce vous tombera sous les yeux, un jour ou l'autre. Vous verrez... »
- « Je croirais en Dieu… dit José avec hésitation, s'il me ramène la mère de ma fille. Je me suis tant égaré... »
Le gradé annonce alors :
- « Comme vous le savez, France a été empoisonnée. Mais sachez que le bâillon était imbibé de fulminate de ricine et de zyklonium. Chloé n'en a pas été en contact ; et Grâce au Ciel, elle n'a subi aucun sévice ».
- « Une arme bactériologique mise au point par la CIA pour des assassinats ciblés... Contre un barbu extrémiste du Proche-Orient, d'accord... Mais faire ça entre une mère et sa fille... Foutre-Dieu ! Le projet est sacrément satanique. Un sacré putain de miracle, ouais !" s'énerve José, craignant toutefois un instant les courroux du gradé.
« José, répond le gradé avec un léger sourire. Vous croyez presque en Dieu ! Sachez que France vit encore. Notre urgentiste l'a placée dans un état stable. France est une sacrée dure à cuire ».
-« France vit encore ? » dit José, incrédule.
Et le gradé de répondre :
« On a souvent tenté de l'abattre, mais personne ne pourra tuer France. »
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