« Mon père et moi, deux âmes sœurs »
Je n'ai pas pris la peine de me creuser le cornet pour trouver un titre original. Et c'est bien la première fois. Pire, je reprends le titre d'un article de journal. Mais d'un journal suisse.
Ce titre est une citation. Une citation qui témoigne de l'admiration touchante d'une femme pour son père.
Cet article, ou plutôt, cette entrevue, mérite l'apothéose de notre attention, puisqu'il répond à ces questionnements si récurrents de notre époque : Qu'est-ce qu'un père ? Qu'est-ce qu'un homme ? Qu'est-ce qu'un bon père ? Être modèle ? Comment ? Quelle vie se donner ? Réponse : devenir Marc Bonnant.
Tout d'abord, qui est la personne interrogée ? Il s'agit d'Arlène Bonnant, "créatrice des bijoux Caspita, inspirés des textes sacrés des spiritualités du monde entier. Passionnée par l’art contemporain". Et Mme Bonnant "évoque l’immense respect qu’elle éprouve pour son père, l’avocat Marc Bonnant". Autrement dit, l'Avocat absolu, qui a tout lu, tout compris, pour qui nul problème n'est insoluble. L'homme est passionné, et terriblement passionné des mots et de raison. Il est la résurgence de l'âme de Bossuet, capable de discourir, d'un discours parfaitement structuré et intelligible, des heures durant et sans aucune note à portée de vue.
Maître Bonnant est donc un homme qui se fait confiance, et qui inspire confiance. Ainsi illustré :
"Quel genre de père était-il pour vous?
Il m’inspirait une confiance éperdue. A 3 ans, j’aurais pu sauter du haut d’un mur s’il me l’avait demandé. Même sans le quotidien, tout me rattachait à lui. Un lien indéfectible et sublime. Je vivais comme si nous étions toujours ensemble".
C'est le propre du père présent. Bien que ce n'est pas tout d'être présent ; il faut témoigner d'une force. Cette force est aussi morale que physique. J'ai vu en Turquie, société plutôt patriarcale, des hommes de 50 ans porter à bout de bras leurs petites filles pendant deux heures. Par exemple, dans la file d'attente pour embarquer dans l'avion. Il ne faiblit pas. Il est attentif. En attendant, il reçoit en récompense les gages d'affection de sa fille. Elle le sert fort dans ses bras. À un moment, cette petite fille, blottie contre son père, me fit "coucou" d'un geste de la main. Puis je compris.
Un père décent, digne et aimant, est un père qui donne à sa fille une bonne image des hommes, et à ne pas les craindre outre-mesure. Il faudrait ainsi de bons patriarches pour fonder une société saine. N'en déplaise aux... ils/elles se reconnaitront.
Toutefois :
"Vous n’êtes pas mariée, le modèle de votre père est-il introuvable?
Je ne suis pas mariée et ne rêve pas de l’être. J’ai une petite fille de 3 ans et demi qui me comble et m’émerveille chaque jour. Oui, j’ai déjà été amoureuse. Mais je ne cacherai pas que mon père prend une immense place dans ma vie et peu d’hommes acceptent cela. Mon père et moi, âmes sœurs? Certainement".
Autrement dit, si tu n'es pas à la hauteur du patriarche, passe ton chemin. La daddy's girl est terriblement difficile à saisir. Si tu joues souvent aux jeux-vidéos, si tu as un compte Tik Tok et si tu travailles dans le tertiaire, oublie l'ambition d'avoir une femme aussi intéressante qu'Arlène Bonnant. Car, premièrement, son père te mettra à l'amende avec sa dialectique, et tu recracherais ton thé vert par tous les trous ; et deuxièmement, la vie serait pour toi une remise en question permanente, et tous tes choix d'adultes seront remis en cause ("pourquoi ai-je fait ce bachelor ? pourquoi cette entreprise ? pourquoi j'aime autant les Kit Kat ?").
Bonnant père me donne l'impression d'être un homme indépendant. Son épouse semble avoir une place résiduelle dans sa vie. Et celle-ci s'en accommode. La distance entre les époux semble être la configuration la plus saine et la plus naturelle. Marc Bonnant, loin du cliché du protestant, est d'ailleurs homme à vivre selon ses maximes, n'obéissant à aucun caprice, si ce n'est aux siens et à celui de jouir de plaisirs simples.
"Que vous a-t-il inculqué comme valeurs d’entreprise ou de vie ?
Mon père n’est pas un homme d’affaires. Nous n’avons jamais parlé d’argent à la maison. C’est vulgaire de connaître le prix des choses. Son bonheur? Lire au milieu d’une famille apaisée".
Fidèle à ses principes, l'homme aura la plus belle des renommées, sempiternellement ravivée par l'immortelle parole de ses héritiers :
"Quelles sont les qualités dont vous auriez pu hériter de lui?
C’est déjà difficile d’identifier les siennes, comment parler des miennes? Je n’évoquerai pas l’intelligence de mon père, incontestable. Il a une bonté et une drôlerie à l’infini. Sans hériter de ses qualités, il m’a transmis le goût de l’effort, on se bat pour les choses et les êtres qu’on aime, pour ses idées, pour la justice. Mais aussi la curiosité et l’exigence intellectuelles. Toute pensée se justifie, se débat. Il m’a inculqué le respect, les égards et la bienveillance. Il n’émet aucun jugement de valeur et donne une chance aux êtres".
Le sens de la vie, la raison d'être de tout homme, résumée en quelques lignes. C'est vers cela que tu dois tendre. Et peut-être que ta fille voudra, comme Arlène Bonnant, "créer les symboles des 24 lettres de l’alphabet original des runes nordiques, donner «corps» aux divinations sacrées" ; au lieu de se créer un OnlyFan pour la raison qu'elle se trouvera intéressante au seul motif que la puberté lui aura offert des caractères sexuels secondaires qui suscitent l'émoi.
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