De la perversion de la pratique du droit pénal

L’avocat en droit pénal est complètement vendu au mal.

Il se consacre, littéralement, corps et âme aux démoniaques pour glorifier son propre égo, ce qui fait de lui-même, in fine, un démoniaque.

Il est celui qui se retranche derrière le « droit de tous à être défendu », ce qui fait de lui, tout aussi, un hypocrite.

Mais en justifiant ainsi son engagement, il revendique en vérité - et pour lui-même - le triple droit :

- de pratiquer une matière qui nécessite peu de connaissances théoriques (l’essentiel des réformes concernent la procédure pénale, et ce sont les délais et le formalisme qui, bon an mal an, changent sensiblement ) - ainsi, le pénaliste applique une science sans mouvement, tirée d’une suite de mots et d’injonctions qui ne suscitent plus aucune réflexion (exemple : qu’entend la loi, au sens de l’article 144 du code de procédure pénale, quand elle parle de « menace à l’ordre public » pouvant justifier d’une détention provisoire ? - même les magistrats ont renoncé à répondre à cette question)  ;

- d’exercer au sein d’une spécialité où les procédures sont dites « orales », donc pas d’écritures à prendre en vue de l’audience - et il est possible de pondre une plaidoirie avec une connaissance sommaire du dossier, et à l’appui de quelques automatismes oratoires (en somme, improviser) ;

- de facturer le client « de la main à la main », en lui faisant miroiter que sa situation « s’arrangera vite », qu’il s’agisse d’une suppression de casier ou d’une remise en liberté (sortie de détention). « Ne vous inquiétez pas, Monsieur, il y a une faille au dossier ! ».



Le pénaliste est souvent un parvenu, sans beaucoup de culture ou de lettres. C’est pourquoi il est à l’aise avec une population défavorisée et perméable au comportement infractionnel.

Ou bien, tout à l’inverse, le pénaliste est hyper-cultivé, ancien Premier secrétaire de la Conférence ou semi-écrivain (un autre rédige pour lui). 

Celui-ci est d’une pédanterie stratosphérique et sa renommée, usurpée à force de compromissions, attire à lui une clientèle fortunée (propriétaires de boîtes de nuit, grands gérants de sociétés, botanistes internationaux…). 

De celui-ci on dit souvent : « il a bien parlé, c’était remarquable ! ». Et quand on demande à ses auditeurs ce qu’ils ont retenu de ce qui a été dit, il y a comme un silence gêné...

Attention, nuançons.

Certains avocats sont engagés humblement (pas trop non plus, mais un peu plus que la moyenne). Ils cherchent moins à étendre leur renommée qu’à faire du bon travail. Ils incarnent leur fonction. Ils sont la Défense. Si bien qu’ils nous convainquent presque qu’il existe une religion de l’avocature et qu’ils en sont les apôtres. 

Chaque dossier est pour eux la cause de leur vie et toute ligne griffonnée sur leurs carnets est un coup de fleuret pour la liberté.

N’empêche que ceux-ci se trompent terriblement. 

Ce type de défenseurs s’est fait happé par le monde obscur. Et ils en sont physiquement marqués.

Leur quotidien est partagé entre les interventions en garde à vue, les visites en détention et les longues attentes sur les bancs du tribunal. En somme, ils vivent la même vie que leurs clients.

Ils oscillent constamment entre enfer et purgatoire. 

Dans quel but ? 

En premier lieu pour se sentir vivre. Seul moyen, d’après eux, pour déceler un truc vibrer dans leur poitrine. 

En second lieu, pour gagner leur vie. Mais, lucides, ils savent qu’ils ne peuvent évaluer leur valeur au nombre des dossiers qu’ils ont gagnés. La justice humaine est trop aléatoire et imparfaite. Donc leur valeur dépend de leur chiffre d’affaire brut. 

Voilà la façon dont les justes sont enfermés ! Ils aspiraient à la sainteté, mais se condamnent à manger des sandwiches-triangles dans leurs Mercedes par « manque de temps ».

Mais l’aspirant au Ciel sera rattrapé par la seule Justice. Pas toujours avec douceur. Cela peut-être par la maladie, par la perte d’un proche ou par l’expérience de l’imminence du trépas…

Sagesse, quand tu nous appelles, on doit te répondre ! Tu es la lumière dans le néant, la cure de la vanité. Tu es le chemin et l’arrivée, la gloire et la vie !

Quant aux autres, aux pseudo-ténors et aux chantres des biens terrestres, ils continueront à fabriquer des garanties de représentation à des incurables, des fausses pièces médicales et des faux témoignages pour qu’ils échappent à la justice du monde. 

Les avocats à l’âme aride, à l’esprit sec et au coeur dur continueront à harceler les greffes de l’instruction criminelle pour quelques nouvelles maisons de vacances et pour un repos qu’ils n’auront jamais. Avec leurs voitures de course et leur sens sociopathique de la gestion d’équipes, ils vont droit dans un gouffre très chaud, très humide et très sombre, dans lequel ils écouteront leurs plaidoiries en boucle comme fonds sonores aux images des crimes et délits de leurs mécènes. Pour l’éternité.








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