"Avocat" n'est pas une qualité suffisante ; ou quelques considérations douloureuses sur les limites des honneurs et des titres

"Avocat" n'est jamais une qualité suffisante.

"Avocat" est celui qui est appelé à l'aide. Ce n'est que par tradition que l'on a rattaché ce titre à l'exercice de parole, et une parole qui s'exerce dans les prétoires.

Alors, par extension, l'avocat est celui qui prend la parole dans les prétoires. 

C'est également très insuffisant.

Parce que la parole pour la parole est creuse et le titre pour le titre est vain, alors mieux vaut se présenter comme :

- Avocat des libertés, 

- Avocat de la Liberté,

- Avocat des détenus, 

- Avocat des sociétés, 

- Avocat des sûretés...

Ces vocables empruntent aux saints patrons leur titres, au même titre que Saint Joseph est le patron des travailleurs, Saint Michel des parachutistes, Rita des causes désespérées...

Si personne n'est saint pour soi-même, un avocat ne peut l'être pour soi et de lui-même.

Ainsi, "avocat" dans une phrase n'est qu'un substantif. Pris seul, ce n'est qu'une généralité. Ce mot doit alors s'accompagner d'un nom ou d'un adjectif : avocat de l'abolition de la peine de mort, avocat de la paix, avocat des victimes... Seul, ce mot n'a pas de substance. Seul, ce mot n'est qu'une dénomination administrative. Un terme juridique qui renferme le corps de règles d'une profession réglementée.

Donc on se calme ! On n'est pas le Paraclet. Le Paraklêtos, "celui que l'on appelle auprès de soi". C'est le Consolateur, celui qui porte l'Esprit de vérité (Jean 14, 16-17) :

« Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Paraclet, pour qu’il demeure éternellement avec vous : l’Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas. »

D'accord, mais quel intérêt ?

Pour reconnaître ce qui est juste :

« Cependant je vous dis la vérité : il vous est avantageux que je m’en aille ; car si je ne m’en vais pas, le Paraclet ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai. Et quand il sera venu, il convaincra le monde en ce qui concerne le péché, la justice et le jugement. »


Or, l'avocat que nous connaissons transige bien trop avec la morale. Et l'avocat amoral est facilement soupçonné, à raison, de pratiquer l'immoral. 

Ainsi est-il trop éloigné de l'Esprit de vérité que le Christ a répandu dans le monde, mais qui est rejeté par la plupart.

Méfions-nous alors de ceux qui se disent "avocat, point-barre". Ils ont la petitesse de se définir par un nom de métier. Ils ne sont ni histoire, ni culture, ni sympathie. Ils se contentent de demeurer, au lieu d'habiter. Ceux-là sont d'ailleurs souvent nichés sur Twitter, dans les tavernes et dans les hôtels...

Ils rôdent de prétoires en prétoires pour plaider pour des hommes en lesquels ils ne croient pas. Ils se satisfont d'être désignés dans des affaires médiatiques, sans considérer que, de dossier en dossier, leur corps dépérit et leur âme se mortifie. Courir après l'argent certes, mais pour avoir des propriétés ? ou pour nourrir et propager le vrai ?

Deux voies s'offrent à l'avocat, qui est ce qu'il est parce qu'il a reçu des grâces : soit exploiter son talent pour jouir de la chair et de la matière ; ou soit méditer sur la vérité et la dispenser et ne jamais s'en écarter. Ce dernier devrait avoir une vie heureuse. Le premier se condamne à la douleur.

Or, s'exposer à la noirceur, c'est tendre l'oreille aux murmures du malin. Côtoyer le mal, c'est déjà l'écouter. Et le laisser vivre en soi, parce qu'il vous apporter gloire et subsides, c'est déjà se suicider.


Prions pour les âmes des confrères qui ont tout perdu.





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