"Celui-ci je le garde" ; où le portrait très fasciste d'une cliente qui n'avortera plus

Notre génération est ignominieuse de contradictions et de faiblesse.

Mais dans sa souffrance, elle se reprend peu à peu.

Voici une jeune dame de 26 ans avec un corps à tenter un saint.

Elle souhaite mettre un "bon coup de pression" au géniteur du bébé de 4 mois qu'elle porte.

Du moins, ce "coup de pression", c'est moi qui lui suggéra, puisque, forte de ses recherches sur Google, elle songea d'emblée à l'action en recherche de paternité.

Bon réflexe. Sauf qu'il faut que l'enfant soit né.

Foutue fiction juridique, sur laquelle on reviendra pour lui mettre des coups de taloche.

Elle explique avoir connu pendant deux ans un homme qui a 10 ans de plus qu'elle. Le loustic va sur ses 36 ans.

Blédard invétéré, il passe le plus clair de son temps au Maroc. Il est surtout de cette génération de neo-païens acculturés qui souffrent d'autant de contradictions qu'ils ont de cheveux sur le crâne (pour la plupart).

Il croit en Dieu, mais a des relations hors mariages. Il veut un enfant, mais seulement dans le mariage. Met-il son zizou dans un film étirable, pendant qu'il imite Tariq Ramadan pendant la veillée qui suit une séance de dédicaces au Quartier latin ? Non.

Et quand "l'accident" arrive ? Il demande à sa "copine" d'avorter. Son argument ? Le mioche ne peut pas naitre avant le mariage, et sa mère n'est pas d'accord pour qu'il vienne dans ces conditions. Ou quelque chose comme ça...

Dommage !

On apprécie particulièrement le concept d'avortement pour motif religieux. Certains diront que la religion est la cause de tous les maux. Non, certaines sont problématiques. 

Il faut voir cette fille de 26 ans, qui n'a pas le même visage sur sa photo d'identité. Travailleuse, elle est infirmière libérale. Dans une société de vioques, d'ailleurs infoutus d'éduquer sa jeunesse, il y a beaucoup à faire !

Donc elle palpait v'là la moullah, et je crains qu'elle en ait profité pour customiser son être pour maximiser ses chances de séduire le prince Ali d'Agrabah. Mais elle n'a séduit que le prince de la nuit. Puisque Mourad le pieux (c'est un faux nom) est gérant de discothèque dans une grande ville de l'ancienne Maurétanie. Avec les inconvénients moraux que cela doit supposer...

"Mais le corps est un temple", lui ai-je dit.

Car j'étais moins perturbé par sa plastique que par ma tentation de lui balancer du gros Premier Épitre aux Corinthiens de Saint Paul : "...Mais Madame, savez-vous que votre corps a été racheté à un grand prix par le Rédempteur, Jésus-Christ notre Seigneur ? Et qu'il vaut mieux brûler d'impatience que de brûler en enfer ?".

Devant ces lèvres pourpres gonflées, ce nez rétréci et ce visage creusé, on ne peut qu'être attendri.

La difficulté de la rencontre tient à l'annonce de son avortement.

"C'est votre premier enfant ? lui dis-je.

"Non, le premier je l'ai laissé".

"Vous l'avez confié à l'ASE ?".

"Non, je l'ai avorté".

Point sémantique : laissé, pas tué. 

Aussi, il est important de le souligner : pour elle, ce début de grossesse interrompu valait grossesse. Mais encore, cette grossesse valait conception de la vie, donc une vie...

Vous me voyez venir. La démonstration arrive...

"Je ne veux plus revivre ça" dit-elle. "Celui-ci je veux le garder".

On est d'emblée touché par cette contrition, parce qu'elle a été très troublée après l'acte.

"Au bout de 6 semaines, j'entendais son coeur battre. J'ai l'impression d'avoir pris une vie, de l'avoir tué".

Voilà un peu l'oeuvre des féministes stériles.

À ma connaissance, il n'est pas question dans le discours préliminaire de la loi Veil du retentissement psychologique de l'IVG sur la mère. Ni même des pressions qu'elle peut subir pour la pratiquer.

N'en déplaise toutefois à la république crasse et à son mépris pour la vie. Le Seigneur sonde les coeurs, et se situe fort en surplomb de cette société navrante. 

Ainsi, la victime a été touchée par la miséricorde. 

D'où cette deuxième grossesse, qui est sa deuxième chance et sa grâce de pardon. Tandis que certaines sont recluses dans l'infertilité.

"Madame, vous a-t-on mis la pression pour avorter ?"

"Oui, sa famille m'a dit que je ne pouvais le garder".

Réflexe : je fouille rapidement dans mon code pénal cérébral, et je ne trouve aucune infraction spécifique pour cette situation. Petit rictus même : c'est l'entrave à l'IVG qui est interdite, non plus l'incitation. 

Monde de travers !

Cette famille passerait pour héroïque pour avoir évité une naissance qui aurait pesé sur les finances de l'État.

"Madame, c'est le plus beau choix. Qu'on le veuille ou non, les mères ont beaucoup de valeur".

J'ai été à deux phalanges de lui dire la maternité la porterait enfin à la maturité. 

Plus d'excursion hédoniste avec un démoniaque irresponsable que sa mère a damné pour avoir sans doute pratiqué la sorcellerie. 

Plus de relations éphémères et passionnées, sans coeur et qu'en chair, en particulier avec le frère de son "ex", qu'elle admit par ailleurs. 

"Ne savez pas que l'homme et la femme ne doivent faire qu'une seule chair ?" rappelle Saint Paul. Ce qui implique, sauf ascétisme consenti, de rester avec qui l'on se lie.

Je reçois alors des photos de l'intimité de ce couple afin de prouver qu'une relation a été suivie et assez étroitement...

Je n'en tire aucune délectation, constatant seulement leur bonheur de l'instant présent, dans leurs petits cocons en vase clos, non loin des palmiers d'Agadir. Ce qui n'est pas sans faire revenir des souvenirs de ma vie dissolue, quand j'ai pu tout donner, corps et âme, à une personne évaporée dans le monde des illusions.

"Madame, l'enfant n'est pas né. Rien n'empêche toutefois de mettre en demeure ce loulou de reconnaitre amiablement l'enfant. C'est ce qu'on appelle la "reconnaissance pré-natale" qui peut se faire devant notaire ou à la mairie".

"Sa famille pourrait essayer de m'acheter ou de faire jouer son influence, mais je suis prête à aller au bout.

"Très bien ! J'aime bien gifler les égos. C'est profitable pour tous le monde.

Faites-lui un dernier message pour faire un résumé de votre histoire ensemble (circonstances de la rencontre, durée de la relation, derniers rapports...) pour éclairer le juge avec une seule pièce du dossier. Aussi, mettez-le en demeure de reconnaitre sa paternité. S'il ne nie pas, et il n'a jamais nié, c'est encore un début de preuve. Espérons éviter d'avoir à payer une expertise biologique, dont il faudra attendre 6 mois pour avoir les conclusions".

"Que peut-il me reprocher encore ?"

"Il y a de la jurisprudence qui a condamné des mères à verser des dommages-intérêts à des pères pour avoir donné naissance à un enfant, en dehors d'un "projet parental".

Mais ce serait culotté".

Puis je me fis un plaisir d'expédier une belle mise en demeure enjoignant désormais le père de famille à se manifester dans un délai de 8 jours pour procéder aux démarches. Il recevra le courrier à son adresse connue en France, chez son père, lequel n'avait point connaissance de l'affaire.

Car je vais vous démontrer que ce quasi-godulureau est déjà père :

1. À quel moment commence la vie ?

Majeure : Tout organisme vivant commence lorsque apparaît une cellule possédant un génome complet, métabolisant et capable de division autonome dans son environnement naturel (biologie cellulaire : Alberts, Molecular Biology of the Cell).

Mineure : La fécondation produit un zygote doté d’un génome complet et d’une capacité immédiate de division (et quand l'oeuf et le spermato se rencontrent, ça fait une jolie lumière).

Conclusion : La vie commence biologiquement au moment de la fécondation.


2. Si le processus de division des cellules est interrompu, peut-on parler d’arrêt de la vie ?

Majeure : La mort biologique correspond à l’arrêt irréversible des fonctions vitales d’un organisme (OMS et définition générale de la mort cellulaire).

Mineure : Interrompre de manière irréversible le développement d’un embryon/fœtus supprime ses fonctions vitales et sa faculté de croissance.

Conclusion : Oui, une interruption irréversible du développement constitue un arrêt de la vie.


3. si l'interruption du développement du foetus est un arrêt volontaire de la vie, peut-on parler de meurtre ?

Majeure : Mettre fin volontairement à la vie d’un être humain est l’essence du comportement homicide (principe criminologique unanime ; voir par ex. Blackstone, Commentaries, vol. 4).


Le fait de donner volontairement la mort à autrui constitue un meurtre. Il est puni de trente ans de réclusion criminelle (Article 221-1 du code pénal).

Mineure : L’arrêt volontaire des fonctions vitales d’un être humain correspond à cette définition matérielle.

Conclusion : Oui, le meurtre peut être défini conceptuellement comme l’arrêt volontaire de la vie.

En effet, cette réalité gratouille.

Cette démonstration n'est pas exempte d'objections, qui sont toutes infondées par ailleurs :


Objection n° 1 : "La vie n'est protégée qu'après la naissance


Majeure : en droit français, la personnalité juridique commence à la naissance vivante et viable (art. 318, 725, 906 C. civ.).
Conclusion : tant que la personnalité n’existe pas, il n’y a pas de sujet de droit à protéger. Le droit ne protège pas toute vie biologique.


Contre-objection n° 1 : La vie humaine se distingue de la personnalité juridique, qui n'est qu'une fiction créée par des hommes, au gré des intérêts du temps.


Contre-objection n° 2 : La fiction juridique de la personnalité juridique est d'autant plus inepte qu'elle contredit la réalité biologique et une loi naturelle (se faisant, constatons la supériorité du droit naturel sur le droit posé et législatif).


Contre-objection n° 3 : La fiction juridique de la personnalité juridique est d'autant plus contestable qu'elle rend titulaires de droits (y compris de droit moraux !) des sociétés (y compris, plus absurde encore, des sociétés dites "unipersonnelles" !). Or, une société, par essence, suppose l'association de plusieurs personnes qui mettent en commun des ressources avec la volonté d'agir dans un but commun.


Contre-objection n° 4 : Considérant les contradictions que contient la notion de personnalité juridique, soulevons que le droit est balloté selon les agenda des partis au gouvernement, et instrumentalisé par le secteur qui a la réalité du pouvoir : la finance. J'ai pu écrire à ce propos il y a déjà 3 ans. Le monde n'a pas bien changé depuis...


Contre-objection n° 5 : Puisque la personnalité juridique est une notion de droit, et que le droit est la grande obligée de la finance, il apparait que la finance a le pouvoir de redéfinir fictivement la vie humaine... dans son intérêt.


Contre-objection n° 6 : la finance se voue à créer une société composée d'individus, par définition isolés, et non de personnes. La notion de personnalité juridique tend à façonner l'humaine à l'image du temps (qui est plutôt mauvais...). Ainsi, l'individu isolé est plus malléable aux pressions consuméristes. Moins tourné vers les siens, davantage vers le marché.


Objection n° 2 - L'embryon n'a pas de statut, ni dignité


Majeure : la dignité (principes à valeur constit.) protège les personnes et certains traitements inhumains.
Objection : le droit français n’a jamais rattaché la dignité à l’embryon. Il n’y a pas de jurisprudence reconnaissant une dignité fœtale.


Contre-objection n° 1 : ne confondons pas embryons surnuméraires (congelés pour être fécondés) et embryons en développement dans l'utérus de l'enfant. Les deux ont un statut très particulier. Le premier ne peut faire l'objet d'un commerce, sous peine de sanction pénale (article 511-15). Et s'il n'était pas un vivant, nous n'aurions pas à le congeler pour pallier les conséquences de son extraction de son milieu naturel. Le deuxième est un peu plus qu'un amas de cellules, car il est en développement dans le ventre de la mère. Ce qui suffit à nouer un lien, plus que charnel, mais affectif entre elle et celui-ci.


Contre-objection n° 2 : Puisque l'embryon est hors du commerce, insusceptible d'opération patrimoniale, il y a une contradiction à dire qu'il est une "chose".


Contre-objection n° 3 : Puisque l'embryon est traité avec un soin particulier par les biologistes, il est assurément un vivant.


Contre-objection n° 4 : La reductio ad rei de l'embryon méprise la mère dans son oeuvre de gestation. A-t-elle en gestation une brique avant que ceci se transforme par prodige en enfant au contact de l'air pur de notre monde ?


Contre-objection n° 5 : Le mépris de la grossesse dénote un mépris de la maternité ; un mépris de la maternité et un mépris du sacré. L'IVG fait donc écho au nihilisme qui empeste cette époque qui veut s'affranchir de toute attache morale pour mieux jouir. Néanmoins, cette visée ne mène qu'au désespoir et au suicide.


Objection n° 3 : Interdire l’IVG est une réquisition du corps de la femme


Majeure : principe constitutionnel d’inviolabilité du corps humain et d’autonomie personnelle.

Objection : forcer la poursuite d’une grossesse serait juridiquement qualifié d’atteinte disproportionnée à l’intégrité corporelle.

Contre-objection n° 1 : Le début de la grossesse implique le devoir au moins moral d'assumer les conséquences d'une passion charnelle, plus ou moins maitrisée. Il en va ainsi de la mère, comme du père tenus aux obligations parentales.

Contre-objection n° 2 : La charité empêche de condamner une mère pour empêcher une grossesse. Mais l'État ne peut être contraint de prêter son concours pour le faire.

Contre-objection n° 3 : L'État est d'autant plus responsable des valeurs qu'il entend défendre. Si le droit hésite entre préserver la vie ou l'éteindre, il y a une contradiction schizophrénique qui ne peut que causer du trouble dans la population.

Contre-objection n° 4 : Sous l'empire d'un droit bien fait, l'État devrait recueillir les enfants - momentanément - non désirés. Ainsi doit-il instaurer des structures stables et solides pour éduquer des citoyens ordonnés (pas seulement disciplinés) et cultivés (pas seulement instruits). L'abandon d'un enfant sous le coup d'une détresse vaut mieux qu'une extinction définitive d'une vie.


Objection n° 4 : L’abandon est une solution humiliante pour la mère

Majeure : la grossesse implique une charge corporelle certaine et à la vue de tous. Tout le monde saura que la mère abandonner l'enfant, tandis que l'IVG se fait dans le secret
Objection : l’État ne peut pas imposer neuf mois d’atteinte corporelle pour arriver à un simple abandon confié à l’aide sociale à l’enfance.


Contre-objection n° 1 : Mieux vaut préserver un destin, des ambitions, une vie plutôt que de ne laisser aucune chance à un humain à naître.


Contre-objection n° 2 : Il est plus digne d'assumer une grossesse, entouré de très nombreux aidants sociaux, que de subir le traumatisme de la vie abolie.


Contre-objection n° 3 : L'humiliation de l'abandon est préférable à la détresse et aux regrets qui suivent la pratique d'une IVG. Le sentiment de honte ne dure qu'un temps, tandis qu'une fin de vie est irréversible.


Contre-objection n° 4 : La crainte de l'opprobre dénote un orgueil gonflé du commun des gens.


Contre-objection n° 5 : La mère, quel que fut son désarroi à l'annonce de sa grossesse, aurait une chance de renouer avec l'enfant porté en son sein, si celui-ci le désire. Cette mère se sentirait alors bien plus accomplie et apaisée que si elle avait cédé à la panique et au diktat pseudo-libéral de son temps.





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