Être avocat en démocrature - une grande croix et une petite bannière
La France connait une bonne grosse démocrature, dont les critères sont les suivants :
- des contre-pouvoirs éteints (la presse criarde détenue par quelques milliardaires), attiédie (des journalistes indépendants menacés, et une avocature vieillissante et transie dans son propre confort) et asséchée (avec des juges de bonne foi, mais sans budget sérieux ni effectif suffisant) ;
- des droits consacrés par divers lois et traités, mais peu appliqués : invoquez le principe de fraternité devant le Tribunal administratif et vous aurez droit à un mur ; demandez l'assistance d'un avocat en garde à vue, et un officier de police judiciaire, craignant de finir après 18h, dissuadera le mis en cause d'attendre la venue du juriste...
- des citoyens désabusés : ceux qui ont des idées politiques enragent de croire qu’ils ne peuvent les faire appliquer ;
- des citoyens endormis : ceux-là qui aiment leur petit confort et leur vie de consommation ;
- des citoyens déprimés : ils ne croient plus en rien, ni en eux-mêmes, et ont gobé toute l’inversion des valeurs que l’indigente 5ème république leur a servi :
Le mal est devenu le bien, et ce bien a pris le nom de liberté. La morale est devenue le mal, et ce mal est autorité.
Ainsi, vos droits sont bafoués et vous ne consentez pas à être aidé.
Quoi ? Donner de l’argent à un avocat ? Oui, on est à peu près les seuls à se soucier de vos libertés.
Problème : on est souvent entrepreneurs individuels, autrement dit on se fait bizuter par la moindre administration fiscale pour avoir osé prétendre à l’indépendance.
Indépendants du pouvoir du monde financiarisé, nos cabinets ne sont pas détenus par des oligarques, ni par des firmes du Cac 40.
La démocrature à la française n’a pas de camp de travail, ni de loi oppressive contre les minorités. Pas besoin. Le citoyen français est sédaté.
Les intellectuels, qui pourraient s'avérer utiles, sont enfermés dans les universités et muselés à coup de subventions pour des recherches dont personne n’entendra parler.
Les critiques et les pamphlétaires sont vite traités fascistes, de nazis, d’identitaires, de complotistes, de poutiniens, de nazis, de pro-russes et d’extrémistes.
Voilà quelques mots-valises bien débiles qui permettent de fuir le débat, alors que notre société s’est fondée sur 2 000 ans de tradition apostolique.
Car fut un temps où les adultes lisaient des livres et ne craignaient pas le combat.
Aussi je propose de créer le PEX, le Parti anti-extrémistes, pour que l'on sache enfin :
1/ ce qu'est l'anti-extrémisme ;
2/ ce qu'est l'extrémisme.
On espère les adhésions massives.
Mais en politique, attendez-vous à tout et surtout à rien.
Les plus créatifs, persuadés de leur impuissance, s’enferrent dans la résignation.
Pas besoin de camp ou de loi qui « régule » la natalité (cette question relève désormais d’une « pseudo-liberté de disposer de son corps » - car pourquoi avorter, si ce n’est parce qu’on est découragé par le système, sans espoir pour la vie, livré au nihilisme ? pourquoi douter de vos capacités à être parent, alors que les mauvais parents sont ceux qui ne doutent pas ? - et qui provoque ce doute et pourquoi ? Le commerçant-roi du trône de la république, au moins depuis que le système a consenti, par des traités communautaires, à placer sur le mêmes plans liberté de circulation des personnes et les libertés de circulation des marchandises ; ce qui revient à placer juridiquement les personnes et les marchandises sur un même plan (article 26 TFUE) et concrètement, à contraindre un juge, en cas de litige, à faire la balance entre un intérêt capitalistique et un intérêt humain. Enfin, éduquer un enfant laisse moins de temps aux activités purement consuméristes).
Grosse parenthèse.
Certes, la France n’est pas la Corée du Nord, parce qu’en France, la Corée du Nord est dans les têtes.
En atteste la consommation massive d'anxiolytiques, de laquelle personne n’ose vraiment donner d’explication, sauf à l’établir en tant que fatalité.
Essayons : le Français est pris en étau, entre une langue éminemment riche, qui pousse au raisonnement, et la pauvreté ambiante des moeurs et des sens. Ce qui assèche son âme.
Ainsi les adversaires de la France, ou les puissances que sert le triste Emmanuel Macron, se sont d'abord attaquées au langage.
Le gouffre entre le français parlé et le français littéraire est si béant que l’on doit employer des mots très simples pour s’adresser à un agent du tertiaire ou un adolescent (lequel peut le rester jusqu’à ses 40 ans).
Quant au bon gros ouvrier, il a encore le bon sens de faire des analogies entre les mots et les concepts, puisque l’âpreté de son quotidien maintient son esprit en éveil.
Enfin, puisqu'il s'agit d'évoquer le point de vue de l'avocat, sachons que les droits sont difficilement appliqués, car :
1/ Le droit européen prime sur le droit français interne - article 55 de la Constitution française (y compris sur les juridictions internes, censées être indépendant et souveraines ! article 64 de la Constitution française). Se faisant si Traité européen > loi française = Jurisprudence européenne (appliquant le traité) > Jurisprudence nationale = liberté d'application des lois internes par les juges internes très limitée.
Est-ce à dire qu'il faut "sortir" des traités ?
Non, seulement les réécrire. Du bon sort souvent du droit européen, telle la protection législative des "consommateur" (laquelle soutient surtout le marché, pour susciter la confiance de l'acheteur, car l'acte d'achat reste, hors la limite des cerveaux disponibles, un acte volontaire). Et mieux vaut 27 pays faibles contraints de faire affaires ensemble que 27 pays faibles - et isolés contraints - de faire affaires avec des super-puissances super voraces (Chine, USA et Inde).
Aussi faut-il songer à faire renaitre la souveraineté nationale dans le sein du principe de subsidiarité, et du vrai qui :
- "signifie qu’une société d’ordre supérieur ne doit pas assumer des fonctions qui reviennent à une société d’ordre inférieur, la privant de ses compétences. Elle doit plutôt la soutenir en cas de nécessité" (Catéchisme de l'Église Catholique §403)
Pas de celui mal dégrossi et incompréhensible du Traité de Lisbonne :
- "Si une action de l'Union paraît nécessaire, dans le cadre des politiques définies par les traités, pour atteindre l'un des objectifs visés par les traités, sans que ceux-ci n'aient prévu les pouvoirs d'action requis à cet effet, le Conseil, statuant à l'unanimité sur proposition de la Commission et après approbation du Parlement européen, adopte les dispositions appropriées. Lorsque les dispositions en question sont adoptées par le Conseil conformément à une procédure législative spéciale, il statue également à l'unanimité, sur proposition de la Commission et après approbation du Parlement européen" (article 352).
2/ La justice n'a pas les moyens d'agir : trop d'affaires à traiter pour une seule audience (entre 15 et 50 pour une demi-journée, c'est catastrophique !), car trop peu de juges.
Ne nous laissons pas berner par les annonces gouvernementales de "hausse substantielle" du nombre de magistrats (inconvénient, d'ailleurs, que quelques corrompus du pouvoir exécutif puisse proposer les budgets iniques de cette Justice qui pourrait les inquiéter...). De très bas les effectifs de la Justice seront un peu moins bas.
En Allemagne, c'est 25 juges pour 100 000 habitants. Pour la France, c'est 11. C'est pathétique !
Conséquences : délais de traitement très longs, renonciations à agir en justice et tant de Goliaths qui dévorent des David. Dommage ! une salle d'audience est le seul endroit où, par exemple, Allianz et la petite propriétaire terrienne sont traités en égaux devant le Juge des référés. Les parties étant dissoutes dans la déontologie incarnée par les robes noires, dont les rapports sont lissés au moins à la faveur du principe de confraternité.
L'égalité s'exprime surtout chez les gens de justice, rigoureux, dévoués, proches de l'humain et malheureusement en sous-nombre !
Mais bien peu d'avocats voient les problèmes ci-avant évoqués, et se complaisent dans l'entre-soi et les petites sauteries qui suivent les concours d'éloquence fermés au public. Cette profession est vieillissante, et la plupart rêve moins de poser une brique d'une société juste que d'acheter une baraque en bord de mer pour devenir rentier.
Tant que la voix de la profession sera portée par de vieux croulants, plus obsédés par leur déclaration d'IFI que par nos conditions d'intervention en garde-à-vue, notre bannière paraitra petite, mais notre croix restera immense.
Craignons l'embrasement de notre société, pas les contrôles fiscaux !
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