"Traité d'Éthique" de Joakim Joseph Jordan, le livre que notre génération attendait

"Traité d'Éthique", sous-titré "ou comment tenir debout dans un monde de travers", n'est pas un exercice de style, ou un essai d'histoire ou de sociologie. C'est une démonstration.

Le tout est très solide.

Je ne dis pas cela au seul motif que l'auteur est une sorte de jumeau spirituel. 

Vous savez, le genre que l'on écoute, et qui nous fait penser : "celui-ci pense comme moi, quasiment au mot près". 

Toutefois, je ne connais pas Joakim Joseph Jordan, bien que je l'écoute, plus que régulièrement, depuis que j'ai découvert en lui le souffle du roua'h hakodèch par sa vidéo d'analyse du dernier la Vérité si je mens, sorti en août 2019, et introuvable depuis.

L'auteur est manifestement plus jeune que moi, et il va sans dire qu'il a de l'avance... en particulier sur le cheminement spirituel.

Oui, j'apprécie qu'il soit dévoué à la Sainte Église Catholique et apostolique. J'aime qu'il ait contribué, entre autres personnes, à me faire connaitre le Verbe, et à me conduire à prier le rosaire à un moment où je touchais le fond. 

Toutes louanges à Notre-Dame de tous les Peuples, la Bienheureuse Vierge du Ciel, notre Mère miséricordieuse, dont la sainteté et la perfection dépassent toute compréhension humaine.

J'aime donc ce Traité d'Éthique, qui est un projet 100% sponsorisé par l'Esprit-Saint.

Pour cette raison, je ne lui trouve pas de défaut, si ce n'est la concision pour seul inconvénient. 

Explications : 

L'ouvrage s'ouvre par une excellente introduction, qui dresse un portrait juste de notre société, comme un médecin pose un diagnostic sur un corps gangrené. 

Le ton est accusatoire, mais bienveillant. 

En cela, disons-le suite, ce Traité a suscité en moi bien plus de miséricorde envers ce monde que je n'en avais avant sa lecture. 

Car l'Éthique est une médecine, et nous sommes tous appelés à la pratiquer, au moins en tant qu'humbles soignants. L'Éthique est un instrument avec lequel nous sommes appelés à moissonner, et l'ouvrier doit se considérer dans un champ et non dans un marécage.

Le Traité d'Éthique pose ensuite 13 questions (les superstitieux y trouveront tout de même du fruit), qui justifient, avant tout, des postulats. 

Cette façon de réfléchir rejoint la maïeutique, procédé que j'affectionne. Car, pour convaincre, une question bien posée vaut mieux qu'un long discours. 

Une personne, peu importe ses faiblesses, est bien plus prompte à répondre à une question, qu'à entendre une démonstration. Le tout est de pouvoir déceler les résistances jusqu'à se heurter aux limites de la logique interne de son interlocuteur.

Raison pour laquelle nos semblables craignent le "pourquoi ?". Mot qui pousse à réfléchir (premier obstacle du "prêt-à-penser" que dénonce Joakim) ; et à remettre en cause son système de valeur ou son mode de vie (deuxième obstacle tenant à l'orgueil, que l'auteur ne qualifie pas tellement en tant que vice et cause majeure des tourments...).

Sur ce dernier point, en p. 109, ma sensibilité mariale est touchée quand l'auteur évoque le mystère de l'Annonciation et qu'il parle de dignité de Marie, plutôt que d'humilité. Bien qu'en p. 111, cette seconde vertu Lui sera bien attribuée. 

Toutefois, et ce n'est que ma sensibilité spirituelle, Sainte Marie aurait pu ou dû être prise comme modèle d'humilité, tant morale que spirituelle, un modèle de (bonne) servitude, puisque nous sommes aussi tous appelés à servir. Ici, je fais mien le postulat extrêmement tranché, et ô combien juste, de Saint Louis-Marie Grignion de Montfort : si on n'est esclave de Marie, on est esclave de l'adversaire.

Car cette génération se meurt du mensonge dont a accouché la Silicon valley, selon lequel on peut tous devenir milliardaire avec une idée révolutionnaire. Or, sans éthique, ni le feu de la foi, nul n'est assez créatif pour révolutionner quoi que ce soit (sauf à inventer des techniques qui précipitent la multitude dans l'obscurité). 

L'architecture moderne en témoigne : dans votre salon, vous préférez afficher la Cathédrale de Notre-Dame-de-Reims ou le Centre Pompidou ? La Basilique Sainte-Thérèse de Lisieux (priez pour nous) ou la Seine musicale ?

Néanmoins, je ne voudrais pas faire à Joakim un faux-procès en omission, puisqu'il prend soin de dénoncer l'orgueil spirituel. Ce sujet très subtil, un tantinet mystique, concerne, à mon sens, ceux qui ont reçu des grâces de conversion. Je renvoie les curieux de ce propos aux lumières d'un bon prêtre (spoiler : c'est fascinant). 

En parlant des personnes consacrées, il transparaît de ce propos que l'auteur a eu, avec eux, de vifs débats sur les façons d'être dans le monde, sans être du monde ; et sur le juste milieu à trouver entre tenir une morale droite, sans tomber dans le travers de l'ascétisme.

Bref, cet avis devient bien trop long.

Le livre est passionnant et j'aurais aimé l'avoir lu autour de mes 14 - 16 ans. Car parfaitement accessible, même lorsqu'on est un adolescent totalement demeuré et en proie aux griffes de tous les diables, si tant est qu'on n'ait pas reçu les dons du Saint-Esprit (si tel est le cas, qu'attendez-vous ?).

C'est un livre d'une pure intelligence, qui a suscité plus de désirs que de frustrations :

Désirs de charité, de miséricorde, de bien agir. Désir aussi, peut-être, que l'auteur développe un ou deux Quaestio. Notamment la dixième, qui laisse une question en suspens : "Comment fait-on pour explorer sa psychè ? Comment procède l'excellent Joakim ?".

C'est à la discrétion de l'auteur, mais je souhaiterais un Traité de spiritualité ou de mystique. 

L'esprit est la clé de tout : on y trouve Dieu, donc la force et le courage. 

Il faut surtout que cette époque cesse avec les méthodes bidon ayant trait aux chakras pour atteindre le nirvana afin de s'unir à Vishnu et au Grand architecte de l'univers. 

Le déchu sait contrefaire la lumière... 

Plaise à chacun de délaisser sucre, chichon, écrans, bruits et boissons pour embrasser le silence et affronter ses propres ombres. Et une fois dans l'obscurité, priez, demandez... et recevez.







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